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Féministes radicales
Quand une femme dit NON, l’agresseur s’en fout.
Article mis en ligne le 26 novembre 2012

(...) Pourquoi demande-t-on aux femmes de dire NON face à leur agresseur ?

Pourquoi demande-t-on aux victimes de viol d’avoir été assez claires dans l’expression de leur refus ?

Cherche-t-on à savoir si les victimes de ratonnade ont exprimé leur refus avant d’être tabassées ?

S’imagine-t-on que d’autres, dans leur position, auraient accepté ?

Imagine-t-on que l’agresseur, entendant leur vigoureux NON, se serait arrêté ?

Pourquoi l’imagine-t-on en matière de violences par conjoint et de viol … violences politiques, ciblées, systématiques, en un mot, sexistes ?

(...) Le mythe de la femme qui était passive avant les violences est de la pure propagande masculiniste. Ce sont les violences qui rendent passive (anesthésiée, déconnectée, déréalisée, mais aussi désabusée, désespérée et lucide sur les risques de répliquer). Et même mieux. Beaucoup de victimes ne sont aucunement effacées après des années de maltraitances. C’est celles que les policiers et les magistrats n’aiment pas. Celles qui accusent voire dénigrent monsieur quand les policiers débarquent à 2 heures du matin au domicile ; celles qui ont retardé d’une nuit entière leur viol en esquivant tous les pièges d’une soirée à risque avec le copain ; celles qui pour faire lâcher monsieur qui les étrangle prennent le premier objet venu et le frappent et l’égratignent ; celles qui répondent très calmement à monsieur, qui hurle, celles qui démontent mot par mot ses sophismes et le laissent sans voix face à l’évidence de sa bêtise ou de sa mauvaise foi ; celles qui répondent aux services sociaux qui les récupèrent après trois ou quatre retours au domicile : « je ne me laisse pas faire, je lui ai toujours dit que s’il était violent avec moi, je partirais" . (...)

Les actions collectives doivent cesser d’interpeller les femmes pour qu’elles se comportent différemment (dire non, parler, etc.). Elles doivent cibler les coupables : donner les chiffres, la proportion d’agresseurs dans chaque sphère sociale où nous les rencontrons (famille, espace public, etc.) ; dévoiler leurs stratégies, simples et documentées ; prévenir les femmes sur toutes les situations à risque (famille, hétérosexualité, mise en couple, subordination professionnelle, promiscuité avec les hommes). Elles doivent réclamer des moyens de protection immédiats et efficaces : neutralisation et éviction systématique des agresseurs de la vie de la victime et des victimes potentielles ; prévention et intervention dans tous les lieux à risque (famille, école, entreprises, lieux publics, etc.) ; politique anti-raciste et anti-nationaliste (la violence par conjoint et la violence prostitutionnelle profitent sans limite de la persécution des dites « étrangères », avec ou sans papiers), etc. Elles doivent réclamer l’abolition de tous les systèmes de viol qui fleurissent en toute impunité : l’appropriation parentale des enfants, la conjugalité hétérosexuelle, les industries du viol (pornographie et toute forme de prostitution), l’exploitation des femmes par les hommes (qui génère une pression économique, base majeure de la contrainte à l’hétérosexualité et des viols au quotidien). Elles doivent autoriser l’usage de moyens de protection proportionnels au danger encouru.