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Quand les autorités s’en prennent à une militante d’Amnesty International
Article mis en ligne le 31 décembre 2017

Les gouvernements autoritaires s’en prennent à leurs opposants. Plusieurs États européens utilisent le "délit de solidarité" contre des personnes qui résistent à leurs politiques anti-migratoires. Un pas symbolique est franchi lorsque les autorités s’en prennent à des membres d’Amnesty International. C’est le cas en France.

Sur le chemin qui nous éloigne de la démocratie on peut chercher des marqueurs qui peuvent nous servir de repère et nous aider à penser à l’état du régime dans lequel nous vivons. Le régime présidentiel de la cinquième république vient de connaître avec Emmanuel Macron un regain de concentration des pouvoirs entre les mains du président de la république. Le ministre de l’intérieur apparaît dans l’ordre protocolaire de présentation du gouvernement au premier rang, juste après le premier ministre. La politique anti-migratoire connaît un durcissement sensible, ainsi que la répression à l’encontre des personnes solidaires.

La France n’en est pas au point d’un régime autoritaire comme la Turquie en terme de niveau de répression. Si on prend le marqueur "Amnesty International" - on pourrait prendre aussi le marqueur "état d’urgence" - en Turquie se sont la directrice et le résident de l’association, et l’association et son activité à travers ses responsables, qui sont attaqué-e-s. (...)

En France, il s’agit "simplement" d’une militante, mais le contexte des poursuites est révélateur. Elle vient en aide à deux exilés mineurs qui avaient été refoulés à la frontière franco-italienne par la police italienne, et les présente à la police française, ce qui déclenche la procédure qui conduira à leur prise en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. Il est probable que si elle n’était pas intervenue, la police française aurait refoulé ces mineurs vers l’Italie. Elle a donc contraint la police à respecter la loi, elle est poursuivie pour ça (pas sous ce chef d’inculpation qui n’existe pas bien sûr, mais sous celui d’avoir facilité l’entrée sur le territoire de personnes étrangères en situation irrégulière). (...)

Ni trafiquantes, ni délinquantes, ces personnes, inquiétées, intimidées, poursuivies, défendent avant tout les droits humains. Elles agissent pour protéger les droits des personnes migrantes et réfugiées auxquels portent atteinte les autorités françaises. (...)