C’est un article passionnant de The Economist sur le livre de Joe Studwell « Comment l’Asie fonctionne : réussite et échec dans la région la plus dynamique du monde » qui l’affirme : le modèle de développement économique des pays asiatiques contredit la plupart des préceptes néolibéraux.
Joe Studwell s’oppose fermement aux dix politiques économiques que John Williamson, un économiste britannique avait rassemblées en 1989 avec le concours du FMI, de la Banque Mondiale et de quelques pays d’Amérique Latine pour former le « consensus de Washington », résumé par le tryptique « stabiliser, privatiser, libéraliser ». Après de longues études et de nombreux écrits sur la région, cet économiste, qui a travaillé pour The Economist, propose une recette bien différente : « réforme agraire ; industrie qui exporte et est soutenue par l’Etat et une répression financière ». (...)
Pour Joe Studwell, le dernier ingrédient du succès est un système financier modeste et peu développé, où les épargnants, parqués par les contrôles de capitaux, fournissent une épargne à bon marché pour les banques qui l’utilisent pour financer les entreprises industrielles. Pour l’auteur, cette recette n’est pas nouvelle et remonte même au Japon de l’empereur Meji, à la fin du 19ème siècle. Malgré le désaccord avec son analyse, The Economist reconnaît que le livre est « frappant et éclairant » et regorge d’anecdotes qui démontrent la grande connaissance de la région par l’auteur. (...)
même si le Japon, la Corée du Sud et la Chine ont construit leur modèle de développement en exportant, ils l’ont fait de manière protectionniste, à savoir que s’ils ont obtenu de pouvoir exporter comme ils le souhaitent presque partout ailleurs, en revanche, ces trois pays modèles du développement économique en Asie, conservent des pratiques extrêmement protectionnistes, à mille lieues de la réciprocité que les pays qui se sont ouverts à leurs exportations auraient pu demander. Un exemple tout simple : plus de 95% des voitures vendus dans ces pays sont fabriquées localement. (...)
Ce qu’il y a d’intéressant avec le modèle de développement économique de l’Asie, c’est qu’hormis pour des cités Etat trop petites pour que leur modèle soit généralisable, c’est qu’il contredit l’idéologique dominante de l’anarchie commerciale et financière. Combien de temps nous faudra-t-il pour nous en rendre compte ?