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Quand 10% des élèves « décrochent » de l’école
Article mis en ligne le 23 décembre 2010
dernière modification le 21 décembre 2010

À propos du décrochage, j’ai souvent en tête une image liée à l’alpinisme : quand quelqu’un tombe, il risque d’entraîner dans sa chute l’ensemble de la cordée. Une métaphore plutôt efficace pour décrire le phénomène. Un élève qui décroche peut entraîner à sa suite les plus fragiles parmi ceux qui l’entourent. Le choix qui se présente alors pour l’entourage, c’est : sauter avec lui, ou le laisser tomber ?

(...) La première explication au comportement des collégiens qui « lâchent l’affaire » de la scolarité, est purement scolaire : le temps écoulé sans comprendre ce que l’école attend d’eux, les heures passées à réaliser qu’ils sont à côté sans parvenir à s’approprier les contenus scolaires, les journées d’ennui et la dévalorisation vécue au quotidien... Cela finit par achever la maigre motivation des jeunes troupes.

(...) Même sans difficulté scolaire préalable, des ados décrochent parce qu’ils sont ados, tous simplement. Et bien souvent, parce que, d’une façon ou d’une autre, les adultes qui les entourent ne sont pas en mesure, à ce moment-là, de tenir solidement un cadre qui pourrait contenir leurs dérives de façon rassurante. Avec bienveillance et fermeté. (...)

On ne peut pas accepter que l’existence d’élèves décrocheurs, au sein du système éducatif, consacre l’échec du collège unique, en démontrant notre incapacité notoire à les intégrer. Dans un collège ZEP ordinaire, ils représentent plus de 10% des élèves de quatriène et troisième. À ce stade, ce n’est plus un phénomène marginal. Il est temps d’envisager de faire évoluer l’école pour l’adapter à ces nouvelles problématiques, plutôt que de jeter le bébé-collège-unique avec l’eau du grand-bain-de-l’échec-scolaire. Ce serait noyer le poisson et couler un peu plus les 130.000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans le moindre diplôme à mettre sous la dent des employeurs potentiels (voire hypothétiques, à ce stade). (...)

Comme dirait Bourdieu – s’il n’était pas mort – orienter très tôt (c’est-à-dire en fin de cinquième, en France), c’est augmenter la reproduction scolaire des inégalités sociales. (...)

J’attends qu’un vrai contrat social renouvelé nous dise ce qu’on veut faire de la jeunesse d’aujourd’hui. Ce qu’on veut faire de l’énergie qu’on consacre pour l’instant à sauver les meubles de l’école publique. Et si on se décide, enfin, à réparer l’ascenseur social, on peut choisir d’avoir de l’ambition.

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