
Un bus gris métallisé aux vitres teintées place du Châtelet à Paris. Bus de touristes ?… Pas vraiment. Des militants de la Cimade, association de soutien aux migrants d’environ deux mille cinq cents bénévoles et composée de quatre-vingt-dix groupes locaux, jouent une opération « coup de poing », tenue secrète jusque-là. Le plan d’attaque a été minutieusement préparé pour marquer leur opposition à la loi asile et immigration, jugée trop coercitive et encline aux expulsions, portée par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb. Seule une poignée de médias, dont Le Monde, en avait été prévenue.
« L’excursion » démarre à 10 h 15. Premier arrêt à l’Assemblée nationale. Les militants doivent agir vite. Descendus du bus, ils brandissent fièrement leurs pancartes. Une flèche « virage à droite », une limitation à « 90 jours en rétention », « chute de droits » au lieu de « chute de pierres ». Une quinzaine de panneaux de signalisation du code de la route ont été détournés pour constituer « le code de la honte ». Plantés devant les portes de la Chambre des députés, les militants, déterminés et vêtus de noir, scandent en continu : « Non, non, non, au projet Macron ! Non, non, non, à la loi Collomb ! Code de la honte, la colère qui monte ! »
« Retrait de la loi »
Les gendarmes s’affairent rapidement à les faire partir. Les militants de la Cimade filent devant le siège du parti La République en marche (LRM). La Cimade a décidé de remettre ce « code de la honte » aux élus de la majorité, dans quarante villes simultanément, en réponse à la « dégradation » du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda). (...)
La journée se poursuit à proximité de l’Assemblée nationale, où quatorze organisations manifestent, de 12 h 30 à 14 heures. Un orchestre de Nuit debout, composé d’instruments à vent et de tambours, accompagne Abad Boumsong, slameur camerounais. (...)
« Le texte de loi est essentiellement construit sur la sanction. C’est scandaleux qu’un citoyen soit condamné et non félicité pour avoir sauvé un migrant qui entre sur le territoire de manière illégale. »