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Procès de la RSE : faut-il tuer la responsabilité sociétale des entreprises ?
Article mis en ligne le 25 janvier 2020
dernière modification le 24 janvier 2020

La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), est-elle coupable de ne pas en faire assez pour changer le monde ? Les politiques environnementales et sociales des entreprises, notamment des plus grandes, sont de plus en plus soupçonnées de greenwashing. Pour ses 20 ans, l’Observatoire de la RSE a pris les critiques au pied de la lettre et organisé le procès de la RSE dans un théâtre parisien.

Simple "supplément d’âme" pour entreprise en mal de réputation ? Voire "cache-misère" pour multinationales cyniques ? À quoi sert la RSE, la responsabilité sociétale des entreprises, cette démarche environnementale et sociale volontaire dont tous les grands groupes se targuent aujourd’hui, jusque dans les couloirs de Davos ? À quoi sert-elle alors que les scandales – du Rana Plaza à l’affaire Ghosn, en passant par le Dieselgate ou Cambridge Analytica n’épargnent pas même les meilleurs élèves des classements qui misent sur la performance extra-financière des grands groupes ?

Coupable de ne pas avoir déjà changé le monde

Ces critiques sont de plus en plus présentes. Il existe une forte défiance, notamment des jeunes, envers les politiques RSE des grands groupes. (...)

Sur scène, la charge commence, virulente : à quoi sert la RSE "quand le rapport entre les plus hauts et bas salaires des sociétés du CAC40 est de 1 à 200 ?" À quoi sert la RSE "alors que Danone continue de vendre des bouteilles d’eau en plastique et à exporter l’eau des montagnes françaises au Mexique ou au Japon ?", interroge Swann Bommier, chargé de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire. Si les bonnes volontés existent, elles sont certes bonnes à prendre, mais insuffisantes à changer le monde, résume-t-il en appelant à plus de régulation face à la "joyeuse irresponsabilité" qui règne aujourd’hui dans le monde économique et social, selon les mots du Pape François.

La RSE, outil de transition et de transformation (...)

"Sans la bonne volonté des entreprises engagées dans ces démarches, il n’y aurait pas eu la loi sur le devoir de vigilance ou la loi Pacte", abonde Hélène Valade, la présidente de l’ORSE et directrice du Développement durable de LVMH. Et sans l’apport de la RSE, "aurait-on vu les mobilisations et coopérations multi parties-prenantes pour pallier les reculades de certains États, comme l’initiative commune des entreprises, collectivités et investisseurs "We are Still In", après le retrait du gouvernement américain de l’Accord de Paris sur le climat ?" (...)

Une RSE à réinventer (...)

Au final, la RSE n’est pas condamnée. Le juré – cinq personnes de l’assistance, essentiellement des membres de l’ORSE - s’est prononcé à l’unanimité : la RSE doit vivre.

Parce "qu’elle est trop jeune pour mourir" (70 ans de théorie et 30 ans de pratique). Parce qu’elle "doit encore infuser du bien commun jusqu’à ce qu’il soit dissous dans toutes les entreprises", estiment-ils encore. Ou parce qu’elle porte en elle "ceux qui sont capables de transformer le système" et qu’elle est "source de dialogue dans un monde d’opposition qui ne veut plus se parler", veulent-ils croire. Mais pour survivre, elle devra aussi "se remettre en cause, sortir de sa posture, se transformer, s’amplifier et accélérer la cadence". Bref, "créer les conditions du changement". L’Orse a son programme pour les 20 prochaines années