
Le Parc national des Cévennes vient de se positionner contre le loup, « pas compatible » avec l’élevage. Johan, pro-loup, raconte le choix de Bruno, un anti.
(...) La redoutable capacité d’adaptation du loup, son côté peu farouche, fait de l’animal un tueur redouté, me confesse Bruno. Pour venir jusqu’au Massif Cfentral, il a dû traverser des milieux anthropisés, des autoroutes, des villages. Pour les Caussenards, le prédateur n’a rien de sauvage. Son alimentation ne l’est pas :
« Qu’y a-t-il de réellement sauvage dans le fait de venir s’alimenter dans un troupeau de moutons, gentiment alignés et parqués ? Pour lui c’est le self-service, pas une chasse. Il n’y a rien de naturel dans tout ça. » (...)
Les agriculteurs du Causse se sentent menacés par le prédateur, mais aussi par la société qui accueille avec enthousiasme un retour de la vie sauvage.
« Je veux être compris. Mon rejet du loup n’est pas une lubie. Je veux que ceux qui me jugent comprennent pourquoi j’en arrive là, à cet état d’esprit. »
La vision lointaine des militants pro-loups lui paraît être une insulte à sa propre compétence et à des siècles de traditions et d’expériences rurales, durement acquises sur le tas. Les éleveurs sont effrayés par ce retour de la vie sauvage alors que pendant près d’un millénaire sur ce causse, ils ont réussi à l’apprivoiser, la rendre productive. (...)
« On a bien vu ce que le libéralisme sans intervention provoquait. Pour la nature qui est aussi notre milieu de vie c’est pareil, sans intervention de l’homme, nous nous faisons piétiner et c’est la pagaille et nocif. »
Bruno n’est pas partisan d’une nature sans l’homme, une nature sous cloche. A ses yeux, l’agriculteur peut être un formidable créateur de biodiversité à condition qu’il travaille en respectant son outil : la terre. (...)