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Prix des logements : la France à la traîne pour protéger les familles modestes face à la spéculation
Article mis en ligne le 27 mars 2021

Des mobilisations pour le droit au logement, pour aider les plus modestes à payer leurs loyers et pour freiner la spéculation qui enrichit une minorité malgré la crise, ont lieu ce 27 mars dans vingt pays d’Europe, dont la France.

Les logements n’ont jamais été aussi chers. Ces vingt dernières années, le prix des logements a augmenté deux fois plus vite que le revenu des ménages, alors que jusqu’à la fin des années 1990, ils avaient évolué au même rythme. Les logements deviennent de moins en moins accessibles. Les locataires doivent allouer une part de leur budget toujours plus grande pour se loger : en moyenne, quasiment un tiers du revenu d’une famille sert à payer le loyer dans le secteur privé, un peu mois d’un quart pour un logement social (cette part était inférieure à 15 % il y a trente ans). À l’origine de la flambée des prix ? La spéculation foncière et les logements vacants. La France compte plus de trois millions de logements inoccupés, soit un logement sur douze. Les nouveaux logements sont de plus en plus nombreux à servir de résidences secondaires ou à rester inoccupés.

La chute des aides personnalisées au logement (APL) n’a fait qu’aggraver les difficultés d’accès à un toit. « Ces aides sont celles qui réduisent le plus la pauvreté dans notre pays. C’est le dispositif le plus impactant », souligne l’économiste Pierre Concialdi, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Alors que les aides au logement étaient revalorisées chaque année pour prendre en compte l’augmentation du prix des loyers, elles ont été diminuées de cinq euros en 2017, puis gelées en 2018.

La réforme des APL, entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2021, vient encore les fragiliser. Les aides ne seront plus calculées en fonction du revenu touché deux ans auparavant, mais en fonction du revenu de l’année écoulée. Si le principe peut sembler légitime, en réalité des mécanismes existaient déjà pour les locataires avec des revenus en baisse. En revanche, pour la majorité des personnes dont les revenus stagnent ou augmentent, les aides seront amoindries, puisque l’inflation n’est pas prise en compte. Selon Pierre Concialdi, le constat est clair : « Ces politiques vont dans le sens d’une aggravation de la pauvreté. »
« Les milieux immobiliers s’enrichissent avec l’appui des gouvernements »

Depuis 2018, le gouvernement a en plus demandé aux bailleurs sociaux de mettre en place une réduction du loyer de solidarité. L’idée est de baisser les aides pour les personnes concernées, mais de les compenser par une diminution du prix des logements sociaux au moins aussi importante. « En théorie, cela paraît honnête, sauf que les bailleurs sociaux auront moins de ressources pour l’entretien des logements, explique le chercheur. Même si la balance financière peut être relativement neutre, les habitants vont vivre dans un logement dégradé. » (...)

« À mesure que les politiques publiques et d’urbanisme font grimper les prix des loyers et de l’immobilier, les habitants modestes sont expulsés des métropoles » rapporte le mouvement « 27 mars pour le logement » dans son communiqué de presse. (...)

Tandis que les personnes précaires sont touchées de plein fouet, l’envol des prix des loyers bénéficie à une minorité. (...)

« Même les États-Unis, habituellement ultra-libéraux, ont pris des mesures protectrices », pas la France (...)

Une journée d’action pour le droit au logement se tiendra le samedi 27 mars dans toute l’Europe. À cette occasion, des organisations appellent à se mobiliser en France. La baisse des loyers, l’arrêt des expulsions, la revalorisation des aides au logement et le retrait de la réforme et des mesures contre la spéculation sont quelques-unes des revendications défendues par le mouvement. À Paris, une manifestation partira de la place de Châtelet à 15h.