
La sociologie de la reproduction sociale par l’école constate à quel point cette institution renforce les inégalités en fonction de l’origine sociale : reste à expliquer, concrètement, ce que les élèves « en échec » ne parviennent pas à à faire.
Les résultats des études PISA sont accablants : la France est un des pays où l’écart entre les résultats des élèves issus de milieux socio-économiques favorisés et ceux des élèves issus de milieux défavorisés est le plus important. Autrement dit, la France possède un des systèmes scolaires les plus inégalitaires et les plus reproducteurs des inégalités sociales du monde développé.
De fait, la question de la reproduction des inégalités occupe une place centrale dans la sociologie française de l’école (...)
La sociologie de la reproduction s’intéresse ainsi particulièrement aux catégories du jugement scolaire et à la fonction de verdict social de ce dernier. Néanmoins, elle n’explique pas les mécanismes de l’échec en tant que tel : qu’est-ce donc que ces élèves qui échouent à l’école n’arrivent pas à faire ? (...)
l’échec scolaire est surtout inséparable d’une histoire : celle de la « démocratisation » scolaire. On désigne ainsi le processus par lequel le système scolaire, jusque là séparé en deux grands ensembles, le primaire et le secondaire, s’unifie à partir des années 1930.
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L’échec au cœur de la relation pédagogique ?
L’échec scolaire, dans les analyses que nous avons citées, apparaît principalement comme une forme de désorientation liée à l’incompréhension par l’élève de ce que requiert la réussite scolaire. Les sociologues de l’école ont voulu interroger les conséquences de constat sur la relation pédagogique, autrement dit, sur le malentendu qui se noue en classe entre l’enseignant et l’élève lorsque le premier enseigne et le second apprend. (...)
Tous les élèves ne réussissent pas à l’école parce qu’ils ne sont pas tous préparés à recevoir ce que l’école transmet : les codes de la culture dominante. C’est principalement les enfants des classes populaires qui se trouvent en situation de non-familiarité avec cette culture dominante. Entre eux et l’école, entre eux et les enseignants, se noue un malentendu à la fois sur les usages du langage, la fonction du savoir et plus largement, celle de l’école. L’implicite pédagogique ne fait que renforcer la désorientation des élèves les plus en difficulté. Mais le malentendu – et c’est sans doute l’apport le plus intéressant de la démarche d’Escol – est aussi du côté des enseignants : ils sont là pour transmettre, mais ont-ils conscience que le récepteur n’est pas préparé à recevoir, faute d’identifier l’objet, mais aussi de se percevoir comme son destinataire légitime ?