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François Ruffin
"Pour un effet d’affichage, vous détériorez toute l’éducation". Le député François Ruffin interpelle le ministre de l’Education nationale.
Question écrite à Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Education Nationale.
Article mis en ligne le 27 mars 2019

Ce lundi 25 mars, dans la Somme, c’était « journée morte » dans onze collèges et dans une quarantaine d’écoles. 0 élève à la maternelle La Paix, 0 au Pigeonnier, 1 à Schweitzer, 0 à Lesot, 0 à Gustave Charpentier,… L’opération fut très suivie : des centaines de parents, des milliers même, ont gardé leur enfant, ou l’ont fait par un ami, par une grand-mère, pour protester.

Protester contre quoi ? Pour la rentrée 2019, vous supprimez 26 postes au collège, l’équivalent d’un établissement, alors que, d’après vos propres prévisions, les effectifs vont augmenter de 249 élèves ! C’est à l’image de votre politique dans le pays : la France comptera 40 000 collégiens de plus, mais vous supprimez 2600 postes d’enseignants !

La Somme réclamerait pourtant un autre traitement : quant aux difficultés de lecture, à l’entrée en sixième, notre département est aujourd’hui le deuxième, après l’Aisne (50 % de plus que la moyenne nationale !). C’est en Picardie qu’on a la plus faible espérance d’obtenir le Bac. La rectrice précédente, partie à Lille, en convenait d’ailleurs : « Nous sommes bien conscients des difficultés éducatives propres de ce territoire ». Mais ces « difficultés » seront résolues, semble-t-il, avec toujours moins de moyens : c’est l’équivalent d’un collège, d’ores et déjà, que vos services avaient supprimé l’an dernier.

Votre logique est simple, bêtement comptable : vous avez dédoublé les classes CP et CE1 en Rep, (mesure à laquelle, en soi, je suis favorable). Mais à budgets constants, et même réduits, vous allez gratter partout pour financer cela : les Rased sont rasés, les postes de directeurs diminués, les effectifs croissent en primaire, on s’oriente discrètement vers la fin de l’éducation prioritaire en collège, les seuils de 29 élèves par classe sont franchis depuis l’an dernier, 30 désormais… Et bientôt, via votre dernière loi, pour d’improbables économies d’échelle, vous allez inventer des méga-établissements avec des super-managers… Pour un effet d’affichage, vous détériorez toute l’éducation.

Avec des situations navrantes à la clé (...)

L’an dernier, les enseignants du collège César Franck, à Amiens Nord, rencontraitent l’Inspecteur d’Académie : « Vous allez toucher l’os », ce dernier les rassurait étrangement : « On n’est pas encore à l’os, mais quand on y touchera, vous allez le sentir. » Cette année, nouvelle rencontre, et nouvelle admonestation de l’Inspecteur : « Si vous n’êtes pas capables d’enseigner devant une classe de 25 élèves, démissionnez ! » Soit. On aimerait que la même mesure s’applique à vous-même, Monsieur le ministre, et à vos cadres de l’Education nationale : venez une semaine au collège César Franck ou ailleurs, envoyez-y votre Inspecteur, et si vous ne parvenez pas à enseigner, démissionnez ! Ou baissez les seuils.

Aussi, pour la Somme, avec 249 élèves en plus, nous vous demandons a minima de maintenir les effectifs enseignants. Pour que ne s’instaure pas une école de la défiance. Avant que cette rébellion picarde ne fasse contagion.