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Pollution, consommation, répression : jours pas tranquilles à Pékin
Article mis en ligne le 14 novembre 2013
dernière modification le 10 novembre 2013

De retour en Chine, j’ai trouvé les habitants moins optimistes, alors que le régime refuse toute réforme politique et que la situation économique inquiète.

C’est un sujet de conversation – et d’inquiétude – inépuisable à Pékin : après le pic de pollution de janvier, les 20 à 30 millions d’habitants (personne ne sait avec précision) de la capitale chinoise ont pris conscience du danger.

Personne n’avait auparavant entendu parler de ces particules invisibles, dites PM 2,5, qui se trouvent dans l’air que chacun respire, et qui sont dangereuses pour la santé au-delà d’un certain taux – systématiquement dépassé à Pékin et dans le nord-est de la Chine.

Aujourd’hui, la prolifération des masques, censés filtrer ces particules, est le signe le plus visible de cette prise de conscience. Mais l’inquiétude serait plus grande encore si les Chinois apprenaient, comme le rapportait Libération récemment, que les écoles étrangères ont placé leurs terrains de sport sous une bulle en plastique à l’air purifié, tout comme les centres sportifs chinois de haut niveau...

Le gouvernement chinois a vainement bataillé avec l’ambassade américaine à Pékin, qui diffusait quotidiennement sur son compte Twittter le taux de particule du jour, enregistré par un équipement de détection sur le toit de la mission diplomatique. Avant de jouer la carte de la transparence et de l’annoncer à son tour.

Depuis, les autorités tentent d’éviter la politisation du sujet, d’échapper à un double procès possible :

  • celui du modèle de développement rapide choisi, qui provoque une brutale dégradation de l’environnement et donc de la santé des Chinois ;
  • celui de l’inaction des autorités, qui ne corrigent pas au plus vite ces effets pervers massifs de la croissance fulgurante de l’économie, et du niveau de vie de centaines de millions de Chinois au cours des trente dernières années.

Les Chinois rigolent encore après l’explication avancée par un officiel de la mairie de Pékin, le mois dernier, affirmant très sérieusement que c’est la façon de faire la cuisine des Chinois, provoquant des flammes dans leur poêle à frire, qui est à l’origine de la pollution... Les sarcasmes et les blagues se sont multipliés sur le web chinois, l’humour restant la principale arme de résistance citoyenne. (...)