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Polémique autour du film "Un Français" : le réalisateur s’explique
Article mis en ligne le 11 juin 2015

Boycotté, “Un Français”, le film sur l’itinéraire d’un skinhead repenti ? Il a suffi d’une bande-annonce pour enflammer la polémique, attisée ensuite par Diastème lui-même sur l’air de “Qui a peur de mon film ?”. A l’heure de sa sortie, le cinéaste et romancier a accepté de s’expliquer.

Les traits tirés, épuisé par la promo et la violence des échanges de ces dernières semaines, il dit peser le moindre mot et ne se faire aucune illusion sur le sort de son film dans les salles. Il aimerait parler davantage de cinéma mais c’est le sujet d’Un Français qui capte l’attention. Cette ample chronique raconte l’itinéraire d’un skinhead repenti sur trois décennies, des ratonnades dans les années « Touche pas à mon pote » aux cris de babouins à la Manif pour tous.

Que retenez-vous de la polémique ?

Ce que j’ai découvert là, c’est une déflagration de saloperies sur le net. La fachosphère, je ne savais même pas que cela existait. Je ne suis pas sur Twitter, très peu sur Facebook, je n’avais pas idée de ce qui m’attendait.

Qu’un film antifasciste suscite l’émoi de la fachosphère, ça vous étonne ?

A ce point-là ? Oui. La réaction a été violente, rapide, extrêmement organisée. Les attaques, lancées sur la base d’une simple bande-annonce. Ce sont des méthodes d’intimidation. Qu’elles soient virtuelles ne change rien à leur nature : elles cherchent à semer une terreur putative. Un Français devait être distribué dans environ 120 salles et à l’arrivée, il ne sortira que dans une soixantaine. 120 salles, ce n’était pas un caprice de distributeur : Mars Films est une une maison aguerrie, qui a connu de gros succès et sait jauger la capacité commerciale d’un film. Que s’est-il passé ? Aujourd’hui, Un Français se retrouve à l’affiche de certaines salles de circuit, UGC, Gaumont et un peu Pathé, mais beaucoup d’exploitants du réseau art et d’essai l’ont refusé alors même qu’ils l’ont aimé. On en saura plus dimanche soir, mais en gros, le cinéma étant aussi un art mathématique, Un Français fera peu d’entrées en première semaine. Logiquement, il en fera de moins en moins en deuxième et d’ici la troisième semaine, il sera mort. Le genre de mort programmée qui aura des conséquences au-delà de mon film. Ceux qui me succéderont avec l’envie de s’emparer d’un sujet analogue n’auront probablement même pas la possibilité de s’y essayer. Les producteurs auront une réplique toute prête : « Ce type de films, c’est le bide assuré ! Regarde Un Français... »(...)