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Les Echos
Plus d’un tiers des collèges et lycées n’ont pas encore tous leurs professeurs
#educationnationale #précarité #manquedeprofs
Article mis en ligne le 10 octobre 2022

La rentrée « s’est bien passée », répète le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye. Mais dans les établissements et chez les parents d’élèves, les témoignages sont nombreux d’enseignants qui manquent à l’appel, dans un contexte inédit de pénurie . Qu’en est-il exactement ?

Selon une enquête du principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN, dont « Les Echos » ont pris connaissance, les 1.300 réponses donnent un état des lieux assez fiable sur les 7.000 collèges et 3.200 lycées de l’Hexagone. Un mois après la rentrée, 35 % des établissements affirment avoir au moins un poste d’enseignant vacant ; 32 % - ce ne sont pas forcément les mêmes - indiquent avoir au moins une absence longue non remplacée ; 35 % ont au moins un poste de personnel non enseignant qui n’a pas été pourvu.

« Un écart de points de vue » (...)

« Le ministre peut réfléchir en équivalents temps plein, réagit Bruno Bobkiewicz, mais l’élève, lui, s’en fiche, s’il n’a pas de professeur de technologie, ça veut dire qu’il n’a pas de cours de technologie. »

Comment va se dérouler le reste de l’année dans ce contexte ? La situation inquiète d’autant plus que, pour tenir l’objectif d’avoir « un professeur devant chaque élève » à la rentrée , le ministère a puisé dans les viviers de remplaçants.

Ces professeurs remplaçants sont « un enjeu majeur pour les élèves comme pour les familles », rappellent les documents budgétaires attachés au projet de loi de Finances. Ils citent aussi l’engagement du Grenelle de l’éducation , selon lequel, en cas d’absence d’un professeur, les écoles et les établissements « devront assurer la permanence pédagogique sur l’ensemble du temps scolaire prévu pour les élèves ».
Des « cours en ligne » supervisés par des assistants

Le gouvernement a même fixé « des indicateurs d’efficacité et d’efficience du remplacement des personnels enseignants du point de vue du contribuable », apprend-on à la lecture des documents budgétaires.

Dans le second degré public, le taux de remplacement doit ainsi passer de 94,7 % (2021) à 99 % (2023). Pour y parvenir, « le recours à des dispositifs de type ’cours en ligne’ ou au travail en autonomie, anticipé, et encadré sous la surveillance d’un assistant d’éducation (AED) » est évoqué.

Un décret publié en fin d’année dernière permet d’attribuer des heures supplémentaires à ceux qu’on appelait autrefois les « pions ». « En théorie, cela existe, indique Sophie Vénétitay, du SNES-FSU, mais très peu d’établissements l’ont mis en place car on manque d’AED, et c’est donc assez peu probant. »

Garderie déconnectée (...)

Cette proposition, qui peut séduire des parents d’élèves, ressemble à de la garderie et serait déconnectée du vrai fonctionnement des établissements. »

En mai dernier, l’académie de Nancy-Metz avait lancé des « visioprofesseurs » pour pallier le manque d’enseignants remplaçants. A l’époque, le ministère assurait que cela n’avait pas vocation à être généralisé.

Le gouvernement mise aussi sur « l’optimisation des organisations actuelles de remplacement en s’appuyant sur les espaces numériques de travail ». Bruno Bobkiewicz y voit l’application du « pacte , consistant à demander aux enseignants d’effectuer un volant d’heures dans l’établissement pour remplacer des collègues absents ».

Un manque de 200 à 300 professeurs des écoles

Quant au premier degré, Pap Ndiaye évoquait la semaine dernière « 200 à 300 postes » manquants, et jugeait le nombre « très faible ». A l’approche de l’hiver, la question des remplacements est dans toutes les têtes. « La situation commence à être tendue dans certains départements » comme l’Oise ou l’Orne, selon le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire. (...)