
(...) Des petites mains. On les croise dans les couloirs des écoles maternelles et primaires. Discrets. Ils passent chercher dans les classes, une à deux fois par semaine, leur petit groupe d’élèves. Jacques y promène sa mallette remplie de poupées, de marionnettes... C’est un maître dit « G », chargé de régler les problèmes comportementaux des enfants. « On fait des jeux de rôle. Quand on joue au maître et à l’élève... C’est l’enfant qui fait le maître ! Quand on joue aux dames, c’est lui qui crée les règles... Pour mieux les appliquer. Par des chemins détournés, j’essaie de le remettre à sa place d’élève. » On croise aussi le regard doux de Rémy et Geneviève. Maître « E », eux se concentrent sur les problèmes d’apprentissage.
Enfants inhibés, dissipés, violents, face à des enseignants dépassés, les RASED servent de relais. Jacques et Frédéric estiment que 6 à 10% des écoliers du secteur sont concernés. La force des RASED ? Travailler en équipe. Psychologues, enseignants spécialisés apportent un regard croisé. (...)
(...) On fait de la haute couture, du surmesure », explique Rémy. Ils s’attachent, surtout, à porter sur l’enfant un autre regard. Différent de celui des parents et des enseignants. Un regard qui suffit parfois à lever de vrais blocages... « Il peut s’agir d’une difficulté d’ordre affectif, telle maîtresse qui rappelle à l’enfant une grand-tante sévère, par exemple, se rappelle Jacques. On aide parfois simplement le parent ou l’enseignant à comprendre d’où vient la difficulté. » Tous y vont alors de leur anecdotes. « J’avais fait appel à eux pour ma fille alors âgée de 8 ans, raconte un parent. Elle avait un peu de mal. J’étais paniqué. Le RASED m’a juste fait réaliser que je projetais mon inquiétude sur elle. Ça a suffit. Aujourd’hui, elle est en terminale. » •