
31 mars 2017 : fin de la trêve hivernale 150 femmes, hommes, enfants dont beaucoup avec de graves problèmes de santé, ont été jetés à la rue rejoignant ainsi celles et ceux qui y sont déjà (2000 dans l’agglomération, 4000 en Isère)
Parmi eux, deux enfants, copains de nos enfants à l’école primaire painlevé, avec leurs parents et leur petit frère de 2 ans. Comment assurer une scolarité normale pour des enfants qui subissent quotidiennement l’insécurité de la rue, le froid, les nuits agitées, la pluie, la maladie, sans aide, sans toit, sans repas chaud, sans douche ?
L’école apporte un cadre essentiel. Chaque jour de 8h30 à 16h, les enfants prennent plaisir à s’instruire grâce au travail des enseignants. Ils apprennent également à vivre avec les autres, à partager, à respecter les règles, intégrant ainsi progressivement tous les bénéfices d’une école généreuse et protectrice. C’est une chance pour l’avenir de chacun. De 16h à 8h30 le lendemain, tout ce travail est détruit par une situation de très grande précarité entrainant de graves conséquences sur la vie de chacun. Au-delà d’une scolarité très perturbée, s’installent des souffrances, des traces irréversibles de violence, des déséquilibres destructeurs, un avenir incertain dans un environnement très dur.
Les parents sont exemplaires et se battent avec force. Nous en sommes les témoins admiratifs. Ils cherchent une solution chaque jour courageusement, avec dignité, discrétion, dans le respect des règles de la République. Mais leur espoir est de jour en jour réduit par des réponses toujours négatives.
Depuis un mois, nous avons alerté les services de l’Etat (Direction Départementale de la Cohésion Sociale) en charge de l’hébergement social et d’urgence, de la Préfecture, de la Métropole, et du Département en charge de la protection de la petite enfance qui font la sourde oreille. Les critères de la DDCS se durcissent : accueil uniquement de femmes enceintes et mères isolées avec enfant de moins de trois ans. Nous avons sollicité plusieurs associations, nous avons multiplié sans relâche les appels au 115 (hébergement d’urgence), mais aucune solution n’est proposée. Le soutien moral et matériel que nous avons pu apporter ponctuellement est insuffisant. Nous pensons avoir atteint nos limites, et pourtant nous refusons l’inacceptable.
Nous, parents d’élève de l’école Painlevé, enseignants, citoyens responsables, habitants du quartier, souhaitons faire part de notre profonde indignation et de notre grande préoccupation. Nous sommes tous sensibles au respect de la dignité des personnes, et très attentifs à la protection de la petite enfance. Nous dénonçons cette situation inhumaine qui met en danger la santé, la sécurité, la vie d’élèves de notre école, et de leur famille. Nous dénonçons les conséquences injustes, graves et irréversibles liées à l’absence d’hébergement pour cette famille avec trois enfants.
A nos yeux, les pouvoirs publics se rendent coupables de non-assistance à personne en danger, coupables de manquement grave à la protection de l’enfance, coupables de laisser se dégrader une situation déjà alarmante. En conséquence de quoi, nous demandons, à titre humanitaire, au regard de la protection de la petite enfance et en vertu des droits de l’Homme, qu’une solution pérenne et adaptée soit apportée très rapidement à cette famille.