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Pétition Pour un travail social au service des droits fondamentaux des adultes et des enfants
Article mis en ligne le 5 février 2017

Nous, travailleurs sociaux, formateurs, universitaires, acteurs institutionnels, personnes accompagnées, militants associatifs, citoyens... qui œuvrons quotidiennement pour le respect de la dignité humaine, appelons le gouvernement à inscrire les droits fondamentaux de l’homme et de l’enfant au cœur de la réforme du travail social et à donner aux professionnels, en lien avec tous les acteurs de la société civile, les moyens d’accompagner les personnes vers leur exercice.

Ouvrir le débat sur la réforme à tout le monde

Depuis 2012, la réforme du travail social est en cours... À l’image de ses professionnels et de ses publics, elle se fait discrète. Elle concerne pourtant des centaines de milliers de travailleurs sociaux répartis en divers métiers .

Elle concerne aussi plus de huit millions d’enfants ou d’adultes qui s’adressent quotidiennement à leurs services au travers d’une multitude de dispositifs de droit : insertion, logement, hébergement, accès aux soins, prévention de la délinquance, protection de l’enfance, lutte contre les violences faites aux femmes, aide à l’autonomie des personnes âgées, des personnes handicapées, accueil des demandeurs d’asile, des enfants migrants isolés...

Et parce que la pauvreté, l’exclusion, les discriminations, les migrations bouleversent la société bien au-delà de ceux qu’elles touchent ou risquent de toucher demain, elle concerne tout le monde.

Trente ans que le pouvoir politique ne s’était plus intéressé au travail social. Et ce sont des personnes en précarité, membres du Conseil national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion (CNLE)1 qui ont déclenché la réforme, en tirant la sonnette d’alarme sur leurs difficultés croissantes à trouver réponse à leurs besoins fondamentaux auprès des travailleurs sociaux. (...)

depuis la loi de lutte contre les exclusions de 1998, le Code de l’action sociale et des familles inscrit comme impératif national « l’accès de tous à l’ensemble de ses droits fondamentaux », l’action du travail social pour le rendre effectif n’a fait l’objet d’aucune évaluation, ni provoqué aucun débat.

Les mots mêmes de « droits fondamentaux » n’ont pas été prononcés. C’est « un oubli, car cette préoccupation nous l’avons constamment en tête » a assuré un conseiller du premier ministre aux membres du collectif « Agir ensemble pour les droits de l’enfant »3, lors d’une rencontre en vue de la préparation du 5ième examen de la France par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU. Un oubli répété depuis comme un évitement réfléchi et qui fait que la portée politique de la réforme promise par le gouvernement s’en tient au bout de quatre ans à des propos généralistes sur la nécessité de « renforcer la relation à l’usager », « renforcer le vivre ensemble », « restaurer les liens sociaux et l’estime de soi des plus fragiles ».
Renforcer l’effectivité des droits de l’enfant et de sa famille

Des formules généreuses, mais qui n’arment les professionnels d’aucune autonomie ni pouvoir d’agir, alors qu’aujourd’hui - comme l’a rappelé, en janvier 2016, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU -, en France, pays des droits de l’homme et 6ième puissance économique du monde, un enfant sur cinq est pauvre, un jeune SDF sur trois est un sortant de l’Aide sociale à l’enfance, un SDF sur quatre logé par le Samu social en Île-de-France est un enfant, un enfant sur deux logé par le Samu social souffre de malnutrition, le nombre d’enfants placés augmente4 comme augmente le nombre d’expulsions locatives qui envoient à la rue près de 40.000 familles par an. (...)

Élever les professionnels en mal d’identité et de reconnaissance à la qualité d’« experts de la relation et de l’accompagnement des personnes vulnérables » ne suffira pas à endiguer la révolte, la violence verbale, voire physique ou la désespérance de ceux qui, appauvris ou marginalisés, risquent de ne plus supporter le sort qui leur est fait et encore moins d’être sans arrêt renvoyés à leur responsabilité personnelle ou à leurs traumatismes anciens pour expliquer leurs échecs au présent.

D’ailleurs et pour la première fois dans l’histoire du travail social, cette barrière défensive faite de silence, de neutralité, de distanciation professionnelle a cédé sous le poids d’une mission de service public insupportablement vidée de son sens. Devoir refouler jusqu’à 95% des hommes, des femmes, des enfants qui venaient chercher auprès d’eux un abri pour la nuit, les voir perdre leur santé, leur équilibre, leur travail, leur enfance, leur scolarité, leur vie même pour vingt-sept d’entre eux en une seule année, dans cette recherche quotidienne d’ « un toit sur la tête »6 a convaincu les fonctionnaires du Samu social de Toulouse « non militants mais reconnaissant en l’autre un humain d’égal valeur à eux-mêmes » de réquisitionner des bâtiments d’État désaffectés pour que « les enfants ne dorment plus à la rue » et « les grands précaires ne meurent plus à la rue ».

Sensible à leur argument d’« un travail social empêché » faute de moyens, depuis des années, la justice va leur donner raison. Et l’État régulariser cette « réquisition citoyenne » et permettre au Groupement pour la défense du travail social (GPS)7 d’accueillir décemment trente familles. Trois ans après, le lieu, géré par les familles avec le soutien des travailleurs sociaux et des membres de la société civile, est reconnu par l’ensemble des partenaires de l’action sociale comme un modèle d’accueil souple, bienveillant et protecteur des besoins de tous. Une affirmation de ce que pourrait être le travail social de demain ! (...)

Donner au travail social un vrai projet politique garanti par la formation et la protection juridique des professionnels (...)

Appréhender le travail social par les droits fondamentaux, c’est sortir de la culture de l’aide individuelle à la personne vulnérable pour aller vers la reconnaissance de la personne - enfant ou adulte - comme sujet de droit. (...)