
Les inspecteurs de l’environnement de l’Office français de la biodiversité (OFB) oscillent entre « incompréhension » et « colère ». Motif de leur courroux : la direction de l’OFB, le « gendarme » de l’environnement, leur demande, dans le cadre de leur mission de protection des pollinisateurs, de s’abstenir de contrôler les arboriculteurs pour vérifier qu’ils n’abusent pas de pesticides pendant la période de floraison. « C’est incompréhensible, notre direction nous donne pour instruction de ne pas appliquer la réglementation !, s’étrangle un inspecteur sous le couvert de l’anonymat. On peut contrôler Pierre qui fait du colza, Paul qui fait du tournesol, mais pas Jacques qui fait des pommes, alors que c’est précisément l’arboriculture qui utilise le plus de traitements. »
Dans une note de service datée du 20 avril, que Le Monde s’est procurée, la direction de la police de l’OFB précise la « conduite à tenir » pour les missions de police judiciaire relatives au non-respect des interdictions prévues par l’arrêté « abeilles » pris en novembre 2021 dans le but de renforcer la protection des pollinisateurs. Jusqu’à présent, les missions des agents de l’OFB étaient, s’agissant des pesticides, limitées au contrôle de leurs usages à proximité de ressources en eau. L’arrêté « abeilles » les étend à la protection de la biodiversité.
La principale « arme » des enquêteurs de l’OFB est la « constatation en flagrance » :le flagrant délit d’épandage de pesticides dangereux pour les pollinisateurssur des cultures en fleur, certains d’entre eux pouvant être utilisés sur des plages horaires limitées à deux heures avant et trois heures après le coucher du soleil. La note du 20 avril prévoit bien des enquêtes sur la base de « constatation en flagrance » pour les champs de colza et de tournesol, mais pas pour l’arboriculture. (...)
Ménagés par le ministère
« On peut s’étonner que le ministère de l’agriculture préconise un régime particulier, aménagé pourrait-on dire, de la règle pénale pour une catégorie spécifique d’utilisateurs des pesticides, à savoir les arboriculteurs », commente Dorian Guinard, maître de conférences en droit public à l’université Grenoble-Alpes et spécialiste de la régulation des produits phytosanitaires. Les condamnations dans ce type d’affaires sont rares (...)
Selon nos informations, la note de l’OFB, qui était « bloquée » depuis plusieurs mois, ne prévoyait pas initialement de « traitement de faveur » pour les arboriculteurs. C’est le ministère de l’agriculture – cotutelle de l’OFB avec celui de la transition écologique – qui est intervenu pour qu’ils soient ménagés.
Contacté par Le Monde, le ministère de l’agriculture précise que l’arrêté « abeilles » peut permettre localement des dérogations et donc des épandages en pleine journée, en fonction des bioagresseurs rencontrés sur les parcelles. (...)
Dans une note de service datée du 20 avril, que Le Monde s’est procurée, la direction de la police de l’OFB précise la « conduite à tenir » pour les missions de police judiciaire relatives au non-respect des interdictions prévues par l’arrêté « abeilles » pris en novembre 2021 dans le but de renforcer la protection des pollinisateurs. Jusqu’à présent, les missions des agents de l’OFB étaient, s’agissant des pesticides, limitées au contrôle de leurs usages à proximité de ressources en eau. L’arrêté « abeilles » les étend à la protection de la biodiversité.
La principale « arme » des enquêteurs de l’OFB est la « constatation en flagrance » :le flagrant délit d’épandage de pesticides dangereux pour les pollinisateurssur des cultures en fleur, certains d’entre euxpouvant être utilisés sur des plages horaires limitées à deux heures avant et trois heures après le coucher du soleil. La note du 20 avril prévoit bien des enquêtes sur la base de « constatation en flagrance » pour les champs de colza et de tournesol, mais pas pour l’arboriculture. (...)