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Mediapart
Pénurie de main-d’œuvre : Pôle emploi prépare « un vivier » de chômeurs
Article mis en ligne le 3 septembre 2022

Face aux pénuries de main-d’œuvre qui exaspèrent patrons et gouvernement, Pôle emploi prépare un plan de rentrée baptisé « Tensions 2022 ». L’objectif est de repérer tous les profils « employables » pour satisfaire, au plus vite, les besoins en recrutement.

Un« Un vivier de demandeurs d’emploi immédiatement employables. » Voici ce que Pôle emploi entend constituer, agence par agence, dès les prochaines semaines. Dans deux notes internes que Mediapart a pu consulter, la direction expose son plan de rentrée, dont l’objectif est de « renforcer la satisfaction des besoins en recrutement sur les secteurs les plus touchés » par la pénurie de main-d’œuvre.

Et cela va aller très vite.

Dès le 9 septembre, chaque agence Pôle emploi devra avoir bouclé la liste des métiers les plus en tension sur son territoire. À la fin du mois, les demandeuses et demandeurs d’emploi « en capacité d’exercer ces métiers » seront identifié·es et placé·es dans « un vivier » dédié.

À la fin de l’année, toutes ces personnes auront été reçues et, si possible, « sorties » du vivier. En d’autres termes, recrutées sur les métiers en manque de main-d’œuvre. Car la direction de Pôle emploi est très claire : il ne s’agit pas d’accompagner mais bien de « proposer concrètement des emplois ».

En échange de cet « engagement en termes de propositions régulières d’offres d’emploi », les chômeuses et chômeurs seront tenu·es d’être disponibles. En cas d’absence à un rendez-vous avec un employeur potentiel, la sanction sera immédiate : une radiation de la liste des demandeurs d’emploi. (...)

Trois grands secteurs ont été repérés comme étant « particulièrement en tension ». Sans surprise, il s’agit de l’hébergement-restauration, du sanitaire et du social et des transports. Vingt-trois métiers sont recensés dans la note interne. (...)

Chaque agence Pôle emploi est invitée à amender cet inventaire, selon les besoins du marché du travail local. Ce sera le premier gros devoir de rentrée : tout doit être compilé dans une semaine, le 9 septembre. À l’heure où sont rédigées ces lignes, très peu de conseillers et conseillères à l’emploi, contacté·es par Mediapart, étaient informé·es de l’existence de ce plan.

Côté « opérationnel », la rapidité est, là encore, le maître mot. (...)

Des contrôles à la clé

Enfin, il s’agira d’identifier des personnes « dont le dossier ne laisse pas toujours apparaître d’intérêt pour l’un de ces métiers en tension mais qui peuvent y voir une solution d’insertion rapide pertinente ». L’une des notes internes cite le cas de « demandeurs d’emploi se déclarant prêts à prendre n’importe quel poste, car souhaitant travailler très vite ».

Seront contacté·es en priorité les demandeuses et demandeurs d’emploi fraîchement inscrits, depuis moins de trois mois, « pour une plus grande qualité du groupe de départ », souligne la note, soucieuse de « renforcer la satisfaction des besoins en recrutement ». (...)

Le « vivier » pourra ensuite être élargi aux personnes inscrites depuis plus longtemps. Les sortant·es de formation à ces métiers devront également être identifié·es. Au total, chaque « portefeuille vivier » devra contenir « entre 150 et 200 demandeurs d’emploi ».

Toutes et tous seront convoqué·es pour faire le point sur leur situation en matière de disponibilité, de compétences et de motivation. « Si l’entretien fait apparaître des doutes sur l’effectivité de [la] recherche [d’emploi] », précise la note, ces personnes seront dirigées « vers l’équipe contrôle de la recherche d’emploi ».

Comme déjà écrit par Mediapart, Pôle emploi doit, cette année, mener davantage de contrôles de la recherche d’emploi. Objectif : 500 000 contrôles en 2022, selon la volonté d’Emmanuel Macron, contre 345 000 l’année précédente (données à fin octobre 2021) et 420 000 en 2019.
Objectif plein emploi

Ce plan « Tensions 2022 » vise à répondre à une autre demande du gouvernement : parvenir au plein emploi, évalué à 5 % de taux de chômage, avant la fin du quinquennat. Et, comme souvent, le chômage et les pénuries de main-d’œuvre sont d’abord imputés... aux chômeuses et aux chômeurs, accusé·es de ne pas vouloir travailler. (...)

L’exposé des motifs du projet de loi « visant à améliorer le fonctionnement du marché du travail » ne cesse de le répéter : il y a « urgence » à agir pour faire baisser le chômage. L’urgence est de satisfaire les besoins en recrutement, d’enclencher la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, en rabotant toujours plus les allocations des chômeuses et des chômeurs. De combler les postes vacants et d’assécher leurs droits, pour parvenir au plein emploi.