
Au XXe siècle, la mécanisation de l’agriculture a conduit à découpler culture et élevage, afin de maximiser les rendements. Il est urgent d’inventer les moyens de les réconcilier.
En moins d’un siècle, l’élevage a connu des transformations majeures. Sous l’anthropocène, les changements techniques rendus possibles par la pétrochimie ont provoqué un découplage entre cultures et élevage, là où les systèmes agricoles de beaucoup de régions du monde, et notamment l’Europe, reposaient précédemment sur une étroite association des deux
L’élevage intensif spécialisé qui a émergé, souvent montré du doigt pour les souffrances animales qu’il génère, pose de nombreuses autres questions.
La diminution de l’emploi agricole à laquelle il est associé, ses conséquences sur l’environnement et les risques sanitaires qu’il engendre doivent ainsi être intégrés à l’analyse. De même, le « biais alimentaire » [1], qui tend à cantonner l’élevage à la fourniture de denrées alimentaires doit être dépassé, et les autres usages de l’élevage reconnus.
Cet essai [2] défend l’idée que la solution aux problèmes posés par l’évolution de l’agriculture ne passe pas par une suppression pure et simple de l’élevage, mais plutôt par une réconciliation, dont les modalités restent à inventer. En proposant une vue d’ensemble sur l’évolution des systèmes agricoles et en analysant leurs conséquences, il entend montrer à quel point l’élevage, en complémentarité avec les cultures, est précieux pour construire une agriculture durable. (...)