
« Le violeur c’est toi ». Devant l’hôtel de ville de Paris ce vendredi 10 juillet, un bandeau noir sur les yeux, des centaines de femmes dansent sur l’hymne des Chiliennes contre les violences faites aux femmes. Depuis un an, ce chant qui dénonce la culture du viol a été traduit dans toutes les langues, repris dans de nombreuses manifestations féministes sur toute la planète. Comme ce soir à Paris. Encourageant la perfomance sous des huées et des sifflets, des milliers de femmes et d’hommes clament leur colère face à la nomination du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol dont la procédure vient d’être relancée, et du ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, connu pour ses positions anti #metoo, sa remise en cause de la notion de consentement, de harcèlement de rue.
« Agresseurs, n’ayez plus peur »
« En nommant ces ministres, le message est très clair : agresseurs, n’ayez plus peur », explique d’une tribune improvisée Margot, du collectif féministe de l’université Paris 1, qui a lancé l’appel au rassemblement comme de nombreuses autres associations, relayées sur les réseaux sociaux par le collectif #NousToutes. L’étudiante brandit alors un immense vautour noir portant le nom de Darmanin face à la foule scandant « Pas d’agresseur à l’Intérieur, pas de complice à la Justice ». « On est très choquées du choix du gouvernement de nommer à des postes clés deux personnes qui incarnent la culture du viol et non le respect du mouvement des femmes qui demandent d’avantage de justice » s’émeut Sophie Barre, une enseignante de 42 ans. (...)
Anonymes, militantes et collectifs
Alors que la place de l’hôtel de ville déborde de manifestants et manifestantes criant, derrière leurs masques anti-Covid, « violence sexiste, riposte féministe », « tu parles d’une grande cause nationale, c’est la honte internationale », les Rosies d’Attac, apparues lors du mouvement social contre les retraites, reprennent le chant des femmes. Dans l’assemblée des jeunes anonymes, on croise aussi des militantes comme Caroline de Haas, fondatrice de #NousToutes, Fatima Benomar des Effronté.es, l’élue communiste Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris pour l’égalité femmes-hommes. Sous une succession de pancartes blanches aux slogans puissants,« Ministère de la honte », « La culture du viol est En Marche » (...)
« Nous sommes un mouvement horizontal en non mixité choisie, né il y a un an, mais très présent partout en France et en Europe, assure C. 29 ans, qui investit la rue le soir pour coller des messages contre les violences sexuelles. Depuis le déconfinement, 300 nouvelles colleuses parisiennes sont venues nous rejoindre. Après les Césars donnés à Polanski , ces nominations sont une deuxième claque. La présomption d’innocence est bien sûr un principe légal, mais nommer Gérald Darmanin premier flic de France, alors qu’une enquête vient d’être rouverte en juin contre lui, c’est affirmer à toutes les victimes qu’on ne les croit pas. » Toutes vêtues de noir, les colleuses sont venues dénoncer ainsi l’enterrement de la grande cause du quinquennat, l’égalité femme-homme, décrétée avec force publicité par Emmanuel Macron en 2017.