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PLFSS : Véran et le gouvernement actent la destruction de l’hôpital et des urgences
Article mis en ligne le 7 octobre 2020

Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2021 (PLFSS 2021) est présenté demain en Conseil des ministres. La destruction des urgences, de l’hôpital public et de notre système de santé, déjà exsangues, y est parachevée par un budget de l’Assurance Maladie (ONDAM) dans les faits en baisse, l’instauration d’un « forfait patient urgences » ou encore le refus de mettre en place la transparence sur les médicaments.

Un hôpital public exsangue après 20 ans de mesures d’austérité

Le contexte est dramatique. Les hôpitaux recommencent à être saturés, risquant de confronter à nouveau à très court terme les équipes soignantes à des dilemmes impossibles quant à l’accueil des patient-es. En 6 mois, aucune leçon n’a été tirée par le gouvernement des erreurs commises au début de la crise sanitaire.

Olivier Véran et le gouvernement portent une lourde responsabilité dans la destruction de l’hôpital public et des urgences. Rapporteur général du budget de la Sécurité sociale jusqu’à 2019, Olivier Véran a défendu pendant trois ans des budgets d’austérité accélérant la destruction de l’hôpital public (moins 1,4 milliard d’euros en 2018 !). Il a ainsi soutenu sans réserve la politique dogmatique du gouvernement et ses conséquences sur les conditions de travail des personnels soignants et sur l’accès aux soins.

Cette politique met nos vies en danger. (...)

Le personnel paramédical fuit, les arrêts maladie explosent, illustrant la souffrance au travail, et ni le surtaux de suicides des personnels, ni la médiatisation des conditions d’accueil scandaleuses n’entraînent une prise de conscience de la part du gouvernement.

Baisse des moyens pour les hôpitaux et de la capacité de soins

Dans le PLFSS pour 2021 présenté demain en conseil des ministres, l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) est gonflé par la revalorisation salariale ; mais cette revalorisation ne compense même pas le gel du pouvoir d’achat des fonctionnaires et notamment des soignants hospitaliers.

Une fois cette revalorisation mise de côté, l’ONDAM est dans les faits au plus bas, ce qui signifie que les moyens pour les hôpitaux et la capacité de soins baisse encore. Les « mesurettes » instaurées dans le « Ségur de la santé » rattrapent donc à peine la perte de pouvoir d’achat gelé des hospitaliers, et servent à masquer une diminution des dépenses ailleurs. (...)

L’actuel ministre rendra-t-il des comptes sur les pertes de chance que sa politique ne manquera pas de provoquer ? Il ne pourra en tout cas plaider ni l’ignorance, ni l’impuissance. Olivier Véran sait où trouver l’argent disponible, mais refuse de le chercher.

Refus de la transparence et défense du lobby pharmaceutique

Depuis qu’il est ministre, il a en effet la possibilité de faire, par décret, toute la transparence sur les subventions publiques à la recherche octroyées aux grandes entreprises du médicament. (...)

Depuis qu’il est ministre, incapable de prendre la mesure des dégâts liés à l’austérité, Olivier Véran, comme Agnès Buzyn avant lui, refuse de se battre pour des moyens supplémentaires nécessaires à un accueil digne et efficace à l’hôpital. L’absence de geste budgétaire fort a fait augmenter les pertes de chances et dégradé la prise en charge des patient-es vivant avec des pathologies lourdes en les éloignant de l’hôpital pendant le confinement. La diminution de fait de l’ONDAM, l’instauration du forfait patient pour les urgences et le refus de faire la transparence sur toute la chaine du médicament vont porter un coup fatal à notre système de santé, et sont autant de mesures indignes d’un ministre de la santé.