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SOS Mediterranée
[PAROLE DE CITOYEN] Tugdual, marin-sauveteur et bénévole en sensibilisation scolaire, St-Malo
Article mis en ligne le 8 février 2020

Il m’est apparu fondamental de transmettre à quel point la détresse et le besoin de sauvetage sont immenses. Les gens minimisent, ‘ils n’ont qu’à rester chez eux’ entend-on. J’essaie de leur faire comprendre qu’en fait, les gens sont en train de mourir. On dit comme ça ‘des migrants’ ! Moi je ne vois pas de migrants, je vois d’abord des personnes humaines, comme vous et moi, avec leur vie, leurs envies…

Ils sont peut-être tous dans le même bateau, mais on ne peut pas pour autant les mettre dans le même sac. On réduit ces gens à des statistiques : on est quand même en train de parler de vraies personnes ! Personne ne se rend compte qu’une embarcation peut couler en trois minutes. On a l’impression que c’est lointain, mais c’est bien réel…

J’essaie de rester focalisé sur le sauvetage. J’ai besoin qu’on comprenne qu’on sauve des vraies personnes, avec des vies, des rêves et que ces gens ont le droit de vivre, tout simplement.

Pourquoi est-ce important de parler de ton expérience devant ces élèves du collège, du lycée et d’ailleurs ?

La mission de témoignage est importante, c’est l’une des trois missions de SOS MEDITERRANEE (sauver, protéger, témoigner). Mon but n’est pas d’essayer de convaincre. Il faut juste informer avec des faits, les plus proches du terrain que possible. Il faut pouvoir parler avec son cœur et savoir répondre aux questions parce que l’on a vu de ses yeux la réalité.

Avec tous ces éléments de compréhension, on ne peut pas être indifférent à ces drames en mer. Les gens n’ont pas accès à des informations en tant que témoins directs : ils lisent la presse, souvent des mêmes sources, et beaucoup d’informations erronées circulent. Comme témoin, on peut vraiment éclairer les choses et répondre à toutes les questions. (...)

Une sensibilisation en particulier m’a marqué : j’étais allé avec Emilien (référent de l’antenne bénévole de Rennes) dans un collège. Les jeunes avait bien préparé leur sujet à l’avance, ils avaient un petit livret pédagogique en main, devaient préparer un exposé oral dans les semaines suivantes… Il y avait des 4e, des 5e, des 6e. J’étais surtout habitué aux lycéens. Ça m’avait sidéré de voir la pertinence de leurs questions. " Attend il y a des jeunes de mon âge, mais comment ils vont à l’école ? - Qu’est-ce que vous faites des corps ? - Est-ce que vous avez peur ? - Comment on devient marin-sauveteur ? - Où est la zone de sauvetage ? " (...)