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PAC : la France a raté l’occasion de soutenir l’agriculture écologique
Article mis en ligne le 22 décembre 2021

C’est fait : la France a déposé sa déclinaison locale des objectifs de la politique agricole commune. Aides environnementales insuffisantes, néopaysans peu soutenus... « Une PAC de la continuité », résume un paysan.

Cette politique européenne distribue 60 milliards d’euros chaque année aux agriculteurs d’Europe, dont 9 milliards en France. De quoi déterminer qui cultive quoi et comment. En l’occurrence, la PAC a largement contribué à l’avènement d’une agriculture à base de pesticides et d’engrais industriels, dénoncent les écologistes et organisations paysannes.

Elle est révisée tous les cinq ans : quelles seront les nouvelles règles pour la période 2023-2027 ? Et notamment en France ? Car si un cadre est décidé au niveau de l’Union européenne, chaque pays décline ensuite ces principes chez lui, avec une certaine marge de manœuvre. C’est à cette étape que nous en sommes aujourd’hui. Le gouvernement a donné la dernière touche, lundi 20 décembre, à son plan stratégique national (PSN). Il le dépose à Bruxelles mercredi 22 décembre.

De nouvelles règles du jeu qui ne changeront pas la donne, estime la plateforme Pour une autre PAC, coalition d’ONG et de syndicats paysans. Elles n’apporteront « aucune amélioration de l’impact de l’agriculture sur le climat, la gestion des ressources naturelles ou la biodiversité », dénonçait le président de la coalition, Mathieu Courgeau, dans une lettre ouverte à Jean Castex publiée sur La Tribune en novembre. (...)

Un rapport de la Cour des comptes, paru en octobre, expliquait que les règles actuelles avaient abouti à concentrer les aides environnementales sur une toute petite partie (9 %) des terres agricoles. Insuffisant pour rendre l’agriculture plus écolo selon la Cour. Elle invitait à ne pas « reproduire les écueils » dans la nouvelle mouture. Et demandait aussi des critères environnementaux « ambitieux » pour l’attribution des subventions.

L’avis de l’Autorité environnementale, aussi publié en octobre. Elle remarquait que le gouvernement n’avait pas saisi l’occasion de « renforcer les aides conditionnées à des pratiques plus favorables à l’environnement ». Autre regret de l’autorité : une « conviction » que la trajectoire choisie ne permet pas de remplir les engagements en terme de climat, biodiversité et qualité de l’eau de la France. (...)

le gouvernement n’a pas rectifié le tir. (...)

De nombreux obstacles pour les néopaysans (...)

coup de pouce non négligeable, qui restera réservé aux moins de 40 ans et aux détenteurs d’un diplôme agricole niveau bac. Les détenteurs d’autres diplômes ou plus âgés, de plus en plus nombreux à s’installer, ne pourront pas demander cette aide précieuse.

« L’objectif partagé est le renouvellement des générations », maintient pourtant le ministère. L’agriculture a du mal à attirer les jeunes : la France a perdu 100 000 fermes en dix ans, notamment à cause des difficultés à s’installer. « Le gouvernement avait des outils et a décidé de ne pas les utiliser », déplore Mathieu Courgeau (...)

Du point de vue environnemental, les déceptions sont aussi nombreuses pour les organisations écolos et paysannes. (...)

Autre terme barbare, les « écorégimes », eux, manquent d’ambition. Cela soumet une partie des aides que reçoit un agriculteur à des conditions environnementales. Mais les critères choisis font que la grande majorité des agriculteurs y auront déjà accès. (...)

Trop de contraintes pourraient mettre les agriculteurs français « dans une situation de concurrence déloyale » a rappelé, lundi soir, le ministère de l’Agriculture. Pour lui, la priorité est d’harmoniser les règles européennes, « pour que l’on n’aboutisse pas à diminuer la production en France, augmenter les importations, et donc délocaliser nos impacts environnementaux ». (...)

Le cabinet de M. Denormandie s’est félicité des nombreux « échanges constructifs » lors de l’élaboration de ce plan, et le fait qu’il soit rendu dans les délais à la Commission européenne. Celle-ci doit donner son avis dans les trois mois. La plateforme Pour une autre PAC appelle l’instance à exiger plus d’ambition environnementale. Car de son côté, M. Courgeau a eu « l’impression que M. Denormandie était sourd à tout ce que l’on disait ».