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Oui à l’union des peuples d’Europe ! Non à l’Union européenne !
par Raoul Marc JENNAR
Article mis en ligne le 20 février 2014
dernière modification le 15 février 2014

(...) Il s’agit donc, très clairement, de rompre avec les orientations politiques et les institutions de l’Union européenne sans pour autant renoncer à unir les peuples d’Europe.

Se pose dès lors la double question : comment procéder à cette rupture et sur quelles bases nouvelles construire cette union ? (...)En partisan convaincu de la nécessité d’unir des peuples victimes, pendant des siècles, des guerres qui leur ont été imposées par leurs dirigeants, j’ai souligné les faiblesses et les carences d’un processus auquel j’adhérais dans son principe. Jusqu’au jour où sa véritable finalité s’est confirmée avec force dans l’Acte unique européen de Jacques Delors : instaurer un espace ouvert où la loi du marché, libérée de toute contrainte démocratique, sociale et écologique, pourra s’affirmer dans sa pureté doctrinale, fut-ce au mépris des intérêts des peuples.

traités qui suivirent (Maastricht, Amsterdam, Nice, Lisbonne) ont confirmé et aggravé ce dévoiement de la belle idée d’Europe. J’ai pourtant cru que cette UE était réformable. Les traités de 2012 (MES, TSCG) et le projet de grand marché transatlantique ont tué cette illusion. Nous sommes proches de l’inéluctable. (...)

Dans 100 jours auront lieu les élections européennes. La gauche éco-socialiste, celle qui remet radicalement en question un système où le chaos économique et financier permet l’exploitation la plus sauvage des humains et de la planète, doit présenter une alternative claire au principal instrument de l’asservissement au marché qu’est l’Union européenne.

Les peuples, dépouillés de leur droit fondamental à décider de leur destin, souffrent trop pour se satisfaire du flou de propositions ambiguës et de promesses de réformes qui ne se réalisent jamais.

Le bilan de l’Union européenne s’impose : c’est un échec.

La démocratie et la justice sociale sont les grandes oubliées de cette construction européenne qui, pour paraphraser Pierre Bourdieu, est bien davantage une destruction démocratique et sociale. Mais il ne s’agit pas d’un oubli. Il s’agit d’une volonté. Au départ d’un processus baptisé « méthode Monnet », un système oligarchique a progressivement été mis en place au mépris de la souveraineté des peuples.

La Cour de Justice de l’UE, s’appuyant sur une interprétation extensive des traités, a construit un ordre juridique imposé aux Etats et à leurs ressortissants qui comporte des choix de société sur lesquels jamais personne ne s’est prononcé et qui bafoue les droits humains fondamentaux tels qu’ils sont énumérés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en particulier ces droits déclinés aux articles 22 à 27 : droit à la sécurité et à la protection sociales, au travail, à un niveau de vie suffisant, au logement, à la santé, à l’éducation, à la vie culturelle…

Le libre-échange érigé en dogme est devenu l’instrument non pas de la prospérité des peuples, mais de leur asservissement. (...)

Mais quand donc, la France gouvernée par le PS a-t-elle manifesté une quelconque volonté qu’il s’agisse de l’Europe sociale, des services publics ou de la démocratisation des institutions européennes ? Poser la question, c’est y répondre.

Il n’y a pas, chez ceux qui se prétendent de gauche, de volonté de s’opposer aux avancées néo-libérales et encore moins d’imposer des politiques sociales. Au contraire (...)

Comment doit se manifester cette rupture ? Il revient aux élus qui prendront cet engagement devant le corps électoral de n’accorder leur confiance à un gouvernement qu’à la condition que celui-ci prenne trois décisions :

a) demander aux autres Etats membres de l’Union européenne une refondation complète du projet européen ;

b) si la réponse est négative, soumettre au peuple français par voie de référendum :

1. la suspension de la France aux activités de l’Union européenne jusqu’à la conclusion d’un nouveau traité consacrant une Europe démocratique, sociale et écologique ;

2. l’abrogation du titre de la Constitution de la République relatif à l’Union européenne afin de rétablir la primauté du droit national hors duquel aucune politique de gauche n’est possible ;

3. l’inscription dans la Constitution de la République d’une disposition en vertu de laquelle tout transfert futur de souveraineté ne peut s’effectuer qu’au terme d’une procédure référendaire ;

c) proposer à l’Assemblée nationale une loi-programme de réparation des politiques mises à mal par les règles européennes du primat de la concurrence et du marché. (...)

Comment se doter d’une telle capacité ? Les moyens non violents ne manquent pas depuis la pétition soutenue par des millions de signatures jusqu’à la grève générale. C’est de la seule volonté du peuple que dépend la fin de la servitude.

Ne pas renoncer pourtant à unir les peuples

Dénoncer l’échec de l’Union européenne ne peut toutefois signifier que l’on doive renoncer à unir les peuples d’Europe. Cette union est d’ailleurs indispensable. Pour cinq raisons, au moins. (...)

il faut élaborer et faire avancer le projet d’une Europe européenne fondée sur des peuples souverains forts de leurs valeurs propres et d’un modèle social commun, maîtresse de ses choix et en solidarité avec le reste du monde.

Les bases de la reconstruction

Sur quelles bases nouvelles construire une union des peuples d’Europe ? Sur la seule base qui compte en démocratie, celle de la souveraineté populaire. (...)

Face aux irresponsables du « il n’y a qu’à sortir de l’euro » qui refusent d’expliquer le coût et les dangers d’une telle sortie comme le coût et les dangers du passage à une monnaie commune, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que nous sommes piégés. Et raison garder.

Le statu quo n’est pas une option. Mais toute réforme de l’actuelle union économique et monétaire doit être marquée du sceau de la volonté prioritaire d’éviter de nouvelles souffrances aux peuples victimes de la finance internationale.

Nul ne peut cacher au peuple français la difficulté et les risques d’une sortie du piège dans lequel les libéraux de droite comme ceux réputés de gauche nous ont plongés.

En tout état de cause, comme pour les traités européens, la question d’une révision des statuts (pour remettre en question son autonomie totale) et des missions (pour lui imposer d’avoir à tenir compte des conséquences de ses décisions sur le développement économique et sur la situation sociale) de la Banque centrale européenne devra être posée aux partenaires au sein de l’UE et leur refus devra faire l’objet d’une question supplémentaire dans le référendum (...)

Faisons nôtre le rêve de Jaurès et employons pour nous opposer à la violence économique, l’outil qu’il voulait utiliser pour s’opposer à la violence militaire : la grève générale européenne.