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Le Monde diplomatique
Où vont tous ces enfants ? Par Claire Brisset
« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? », interrogeait Victor Hugo dans l’un des plus beaux poèmes des Contemplations
Article mis en ligne le 18 janvier 2010
dernière modification le 17 janvier 2010

Malnutrition, travail éreintant, absence d’éducation, abandon, violences de toutes sortes : de par le monde, des millions d’enfants connaissent des conditions de vie lourdes de conséquences pour leur avenir. Face à la noirceur du tableau, l’arme du droit pourrait sembler dérisoire. La convention internationale des droits de l’enfant, adoptée aux Nations unies il y a tout juste vingt ans et ratifiée par tous les pays à l’exception des Etats-Unis et de la Somalie, a pourtant permis quelques avancées appréciables.

Quand, le 20 novembre 1989, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), réunie à New York, adopta à l’unanimité la convention internationale des droits de l’enfant, dont l’élaboration avait demandé dix ans de très difficiles négociations, la situation des enfants dans le monde était plus que sombre. Alors que des avancées considérables avaient été enregistrées au cours des deux décennies précédentes — de la fin des années 1960 à la fin des années 1980 —, elle donnait même des signes inquiétants de dégradation. « Les progrès sont en panne », alertait alors le directeur général du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), James Grant.

Sous l’effet des plans d’ajustement structurel imposés aux pays les plus pauvres par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale pour qu’ils « assainissent » leur économie, les budgets de santé et d’éducation subissaient des amputations radicales. La dette du tiers-monde avait atteint le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars, l’aide publique au développement ne parvenait pas à dépasser 0,35 % du produit national brut (PNB) des pays riches et le revenu moyen des plus pauvres s’était effondré, en certains points du globe, de 25 % en quelques années.

L’adoption de la convention avait notamment pour but d’enrayer cette évolution. Quatorze millions d’enfants de moins de 5 ans mouraient alors dans le monde des effets conjugués de la malnutrition et de maladies que l’on savait déjà parfaitement traiter ou prévenir par la vaccination...

...principe central : toutes les décisions relatives aux mineurs, qu’elles soient individuelles ou collectives, devraient désormais prendre en compte avant toute autre considération leur « intérêt supérieur », y compris au détriment des prérogatives des adultes....

Autour de ce principe central s’organisent dans le texte trois types de dispositions :

 tout pays doit fournir aux enfants les services sans lesquels leur survie et leur développement sont impossibles (santé, nutrition, éducation, en particulier) ;

 toutes les administrations et les personnes privées ont l’obligation de les protéger de la violence (d’Etat, institutionnelle, familiale) ;

 toutes les administrations et structures judiciaires sont tenues de recueillir le point de vue des mineurs sur les décisions qui les concernent.

...La pression des militants sur les politiques, dans ce domaine, est un puissant levier du progrès.

A condition toutefois que l’opinion soit réellement éclairée ; et c’est là que réside l’une des difficultés....