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« On dirait un film de science-fiction » : à Paris, des élections en temps de crise
Article mis en ligne le 16 mars 2020

À Paris, la maire sortante Anne Hidalgo est arrivée en tête du premier tour des élections municipales. Ce dimanche 15 mars au soir, la capitale était plongée dans une atmosphère étrange.

Impossible de croire qu’il s’agit bien d’une soirée d’élections. À Paris, ce dimanche 15 mars, l’ambiance est lunaire. Peu de temps après 21 h, les premières estimations tombent : la maire sortante, Anne Hidalgo (Parti socialiste — PS), arrive en tête avec 30 % des voix, suivie par Rachida Dati (Les Républicains — LR) à 22 % et Agnès Buzyn (La République en marche — LREM) à 18 %. L’écologiste David Belliard remporte lui 11 % des voix, tandis que le candidat dissident ex-LREM Cédric Villani obtient 7 %. Ils sont suivis par Danielle Simonnet (la France insoumise — FI) à 5 %, Serge Federbusch (Rassemblement national — RN) à 1 % et le forain Marcel Campion à 0,4 %.

Pourtant, lorsque les premiers résultats commencent à être connus, le QG d’Anne Hidalgo, situé dans le 4e arrondissement de la capitale, ne ressemble pas à un lieu de fête. Seuls quelques membres de l’équipe permanente de la maire sortante sont autorisés à y pénétrer. « Nous avons explicitement demandé aux militants de ne pas venir ce soir », confie un colistier. Les élections municipales n’ont pas éclipsé la crise sanitaire qui sévit aujourd’hui en France avec la pandémie du nouveau coronavirus, baptisée Covid-19.

Samedi 14 mars au soir, quelques heures à peine avant le début du scrutin, le Premier ministre, Édouard Philippe, demandait aux Français de limiter leurs déplacements, tout en maintenant les élections. Dans toutes les villes, les équipes de campagne ont donc dû s’adapter. Outre les mesures de sécurité prises dans la plupart des bureaux de vote (gel hydroalcoolique à disposition, port de gants par les assesseurs, distances de sécurité à respecter…), les candidats ont dû s’assurer que leur soirée électorale ne mette en danger personne. Ainsi, les gros rassemblements ont été annulés, et le nombre d’invités considérablement réduit. (...)

« Le niveau d’abstention est tel qu’il est difficile d’en tirer des éléments » (...)

Campagne abrégée brutalement, inquiétude des Français, taux d’abstention record [1]… Tous ces éléments amènent les candidats à interroger la légitimité des résultats. D’ailleurs, aucun d’entre eux ne s’est (pour le moment) risqué à commenter ou interpréter les chiffres du scrutin. (...)

Alors, report ou pas report ? Quand ça ? Faudra-t-il rejouer le premier tour, ou ces résultats seront-ils validés ? À l’heure actuelle, ces interrogations (et beaucoup d’autres) demeurent sans réponse. Ce dimanche soir, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé que les experts seraient sondés « sans doute mardi » sur la question d’un éventuel report. En attendant, aucune alliance ou analyse ne semble réellement se constituer. Un petit peu comme si, au fond, les Parisiens se doutaient que le second tour n’aurait pas lieu le week-end prochain.