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Occupy : la résistance des consciences s’organise à Boston
Article mis en ligne le 25 novembre 2011

Comme dans de nombreuses de villes américaines, loin des projecteurs braqués sur Wall Street ou sur la Californie, un groupe Occupy s’est créé à Boston début octobre. Des dizaines de tentes sont installées au pied des buildings du quartier d’affaires. Très actif sur Internet, Occupy Boston rassemble aujourd’hui des centaines de militants et de sympathisants, et vient de remporter une importante victoire judiciaire. De quoi donner un peu de temps aux manifestants pour réfléchir à leur stratégie future, pour le moment quasi-inexistante.

(...) Le 15 novembre, une importante victoire a été gagnée, qui pourrait faire école. Redoutant que la police ne déloge le camp comme à New York, quatre personnes, au nom du groupe, ont saisi la justice pour une sorte de référé préventif. À la surprise générale… ils ont gagné. La Suffolk County Superior Court (équivalent d’un tribunal administratif) a jugé que toute action visant à déloger Occupy Boston serait illégale. Le juge a invoqué le fameux 1er amendement, qui garantit la liberté d’expression. Seule limite, la durée : le jugement est valable jusqu’au 1er décembre, jour d’une prochaine audience. (...)

Deux organisatrices à poigne mènent les débats au micro. Le principe consiste à discuter en groupes de quatre ou cinq de questions successives sur la vie du mouvement. Pour chaque nouveau thème, chacun doit changer de groupe. Quinze à vingt minutes pour échanger, puis dix à quinze minutes pour faire un point général : un porte-parole de chaque groupe peut alors prendre le micro pour exposer succinctement les deux ou trois idées forces issues de la discussion. (...)

Deux organisatrices à poigne mènent les débats au micro. Le principe consiste à discuter en groupes de quatre ou cinq de questions successives sur la vie du mouvement. Pour chaque nouveau thème, chacun doit changer de groupe. Quinze à vingt minutes pour échanger, puis dix à quinze minutes pour faire un point général : un porte-parole de chaque groupe peut alors prendre le micro pour exposer succinctement les deux ou trois idées forces issues de la discussion.
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Si jamais certains s’avisent de parler trop bruyamment pendant la prise de parole, les organisatrices hurlent « mic check ! » (« test micro », façon subtile de dire « fermez-la ! »), parfois reprises par toute la salle, jusqu’au silence. De fait, ça calme. Pendant ce temps, une artiste dessine au mur une fresque colorée, reprenant les mots-clés les plus cités.

En quatre heures d’assemblée générale, pas un couac, pas une agression verbale, pas de confiscation de la parole, de délire verbeux ou de leader pontifiant. (...)

Nous nous sommes battus pour les droits des femmes, pour une société plus juste, pour les droits civiques, et qu’avons-nous gagné ? Presque rien. » « Le mouvement Occupy peut reprendre les combats de ma génération, poursuit Annette, enthousiaste. Mais, pour cela, il faut que nous arrivions à le développer, à le diffuser. Occuper l’espace avec les tentes, c’est bien, c’est important, mais ce qu’il faut maintenant, c’est occuper les consciences. » (...)

De fait, les jeunes sont très présents dans le mouvement. (...)

Les problèmes de stratégie sont alors soulevés dans la salle. « Il faut absolument faire connaître notre mouvement et nos idées dans tous les milieux que l’on fréquente : famille, amis, travail », déclare Joanie au micro. Des mains se lèvent soudain et se secouent en silence pour approuver, à la façon des applaudissements des sourds et muets. Le lendemain, Joanie concrétisera son vœu en organisant une rencontre entre Occupy Boston et des membres de son syndicat. (...)

les médias sont ici autant méprisés que les banquiers et les politiques. Occupy Boston n’a personne pour le contact avec la presse. Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, chaque groupe Occupy dans le pays arrive à diffuser messages, actions et propositions. Avec une parfaite maîtrise du tempo – des infos plusieurs fois par jour, émanant de chaque groupe ou relayant l’actualité du mouvement dans le pays. Mais aussi de l’image : d’un point de vue esthétique et pratique, le site du moindre groupe Occupy de la plus reculée des villes du Kansas est bien plus performant que ceux des grands syndicats, partis et mouvements contestataires français… (...)

Forts de cet impact technologique, les groupes prennent d’autant plus de distance avec les médias, estimant pouvoir se passer de leurs services. Mais ils commencent à réaliser les points faibles de cette stratégie. Outre une communication qui pourrait être encore plus puissante, elle encourage les mass medias et les journaux locaux à verser dans la caricature. (...)

Malgré cela, une majorité d’Américains restent indifférents au mouvement, et seule une minorité d’environ 20 % les approuve. La stratégie médiatique du mouvement n’est sans doute pas étrangère à cet écart entre le partage d’un même constat, des mêmes critiques et un faible soutien.
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