
(...) le Kabako a ouvert le 25 juin dernier dans un bâtiment appartenant au Département de la Gironde afin d’héberger des mineurs exilés en recours laissés à la rue par ce même Département.
Depuis 5 mois maintenant le Département ne cesse de se vanter de ne pas vouloir lancer de procédure d’expulsion voire d’envisager un conventionnement du bâtiment situé au 63 rue Camille Godard.
Quelle ne fut donc pas notre surprise d’apprendre que ce jeudi 5 novembre des huissiers s’étaient présentés à la porte du Kabako, laissant ainsi présager le lancement d’une procédure d’expulsion !
(...)
Il apparaît donc clairement aujourd’hui qu’il ne s’agissait là que de déclarations d’intention dans le seul but de soigner l’image du Département et de tenter faire oublier la manière dont il traite aujourd’hui les mineurs exilés.
Nous ne pouvons que nous interroger sur les raisons du déclenchement d’une procédure d’expulsion du Kabako aujourd’hui. Le Département serait-il gêné par l’existence de cet espace, qui en plus d’être un lieu de vie est aussi une base de lutte pour la reconnaissance des droits des mineurs en exil ? En effet depuis l’ouverture du squat, outre les manifestations et textes revendicatifs, les habitants, les militants et militantes se battent, avec l’aide des avocats et avocates, sur le terrain juridique. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le Département a de plus en plus de mal à faire croire que ces jeunes ne sont pas mineurs et ne relèvent donc pas de la Protection de l’Enfance.
Ainsi, en Août, il a été contraint par le juge des référés d’héberger des jeunes qui avaient déposé leurs papiers dans l’attente de leur date d’audience auprès du juge des enfants. Et surtout, depuis septembre, l’immense majorité des jeunes hébergés au Kabako qui ont obtenu une audience auprès de ce même juge ont été enfin reconnus mineurs, obligeant ainsi le Département à les prendre en charge. Ce dernier préférerait peut-être aujourd’hui que ces jeunes soient réellement isolés, laissés à la rue, et qu’ainsi ils ne puissent trouver le soutien des militants et militantes pour les aider à faire valoir leurs droits.
Nous ne pouvons nous résoudre à laisser cette procédure d’expulsion s’engager. Cela serait un désastre, non seulement pour les jeunes aujourd’hui hébergés au Kabako mais également pour tous les mineurs qui ne manqueront pas d’être expulsés par les services d’évaluation du Département (SAEMNA) dans les prochains mois. Sans ce lieu ce seront des dizaines d’adolescents qui se retrouveront seuls, à la rue, et sans soutien dans leurs longues et fastidieuses démarches juridiques.
Nous vous invitons dès maintenant à interpeller le Département à ce sujet, et à nous rejoindre dans les initiatives que nous porterons dans les prochaines semaines.
Vous trouverez ci dessous un modèle de courrier que vous pouvez envoyer dès aujourd’hui à la Direction Générale des Services du Département ( dgsd chez gironde.fr ) ainsi qu’à Jean-Luc Gleyze, Président du Conseil Départemental (j-l.gleyze chez gironde.fr ). Vous pouvez bien sûr, si vous le souhaitez, modifier cette base de texte à votre guise."
🟥 Modèle de lettre :
A l’attention de M. Jean-Luc Gleyze
Président du Conseil Départemental de la Gironde
Objet : Situation du Kabako, squat des Mineurs Non Accompagnés, situé 63 rue Camille-Godard, Bordeaux.
Monsieur,
J’ai appris que ce jeudi 5 novembre, des personnes s’étaient présentées à la porte du Kabako, squat hébergeant des Mineurs Non Accompagnés en recours au 63 rue Camille Godard, indiquant aux adolescents présents à ce moment là que le lieu serait bientôt expulsé « pour faire place à une association ». Tout porte donc à croire que des huissiers de justice ont été mandatés par vos services et qu’une procédure d’expulsion de ce bâtiment appartenant au Département de la Gironde est lancée.
Vous n’êtes pas sans savoir que les jeunes hébergés au Kabako sont tous engagés dans une procédure de recours auprès du juge des enfants afin de faire reconnaître leur minorité. Ils sont aujourd’hui présumés mineurs et il appartient au Département de la Gironde d’assurer leur protection, comme ils en ont le droit, comme tout mineur présent sur le territoire, qu’il soit français ou étranger.
Que le Département de la Gironde complique à outrance les procédures des ces jeunes afin de retarder toujours plus leur prise en charge semble déjà inhumain. Mais que ce même Département cherche à expulser des adolescents d’un lieu dans lequel ils ont pu trouver, malgré tout, un peu de repos, de réconfort et de sécurité semble inimaginable.
En tant que Président du Conseil Départemental de la Gironde, il est de votre responsabilité d’interrompre dès aujourd’hui toute procédure d’expulsion visant ce lieu situé au 63 rue Camille-Godard à Bordeaux. Assurer la protection et la sécurité de ces jeunes et leur permettre d’avoir un avenir ici est la seule position humainement acceptable.
En tant qu’habitant.e de la Gironde je vous demande d’agir immédiatement en ce sens.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sincères salutations.