
(...) Pour lutter contre la crise, Madrid et Barcelone s’arrachent depuis des mois les faveurs du roi américain des casinos, rêvant de décrocher la construction d’un gigantesque temple du jeu, quitte à assouplir les lois... et retomber dans les pires excès qui ont justement précipité l’Espagne au cœur de la tourmente économique, dénoncent les opposants au projet.
Il ne reste que quelques jours : « La décision sera prise en mai » et annoncée d’ici l’été, ont affirmé les responsables de Las Vegas Sands, propriété du magnat américain Sheldon Adelson, quatorzième homme le plus riche du monde, selon Forbes. (...)
les photos du milliardaire américain volées lors de ses visites discrètes auprès des gouvernements régionaux de Madrid et de Barcelone rythment un suspens haletant : qui des deux villes, éternelles rivales, remportera le juteux contrat d’Eurovegas ?
Sous ce petit nom donné en Espagne au projet, se cachent :
– 6 casinos,
– 12 hôtels avec 36 000 chambres,
– 9 salles de spectacle,
– 3 terrains de golf.
Soit un investissement global de 15 à 20 milliards d’euros, selon les médias. Et surtout jusqu’à 260 000 emplois directs et indirects. De quoi donner un travail à « plus de la moitié des Madrilènes au chômage », se réjouit la présidente de la région de Madrid, Esperanza Aguirre.
La récession frappe l’Espagne, où un actif sur quatre est au chômage, et plus d’un jeune actif sur deux n’a pas d’emploi. Cette manne hypothétique est donc « un grand projet », a renchéri le président de la Catalogne, Artur Mas. (...)
La plate-forme a bien demandé des informations plus précises sur les négociations en cours au gouvernement et aux autorités locales de Madrid (gouvernement régional et mairie), mais sans succès pour l’instant. « Silence administratif », regrette Rodrigo qui s’indigne :
« C’est ce qui nous rend suspicieux : que cherche-t-on à cacher ? A l’évidence, ces négociations ne se font pas pour le bien commun des citoyens espagnols. Et instrumentaliser la situation dramatique que traverse l’Espagne pour éviter l’opposition à ce projet est irresponsable. »
Surtout que la manne promise d’emplois (260 000), du moins dans les « fuites » publiées dans les journaux, est largement exagérée, selon Eurovegas No.
(...)
« Il est fondamental de ne pas parler seulement de quantité d’emplois mais de qualité. Or ici, on parle d’un travail précaire. »
Alors, jackpot ou non ? Réponse, peut-être, le 7 juin, date fixée pour le conseil annuel des actionnaires où pourrait être révélé le nom du « gagnant ».