
Le nouveau monde, qui va naître cahin-caha sur les ruines du vieux système capitaliste défunt, aura un défi majeur à résoudre : la question démographique. Et sa brûlante séquelle : le douloureux problème des flux migratoires. La façon dont ces difficultés hypersensibles seront réglées fera que le nouveau monde sera “meilleur” ou carrément sinistre.
(...) Sans élucubrer sur l’avenir de cette ahurissante courbe démographique, de deux choses l’une, soit la collectivité humaine parviendra à réguler ces surcroîts de population de façon humaine, soit la régulation se fera de façon “naturelle”, je veux dire tragique.
La méthode humaine consiste à réorganiser entièrement un outil économique pour réussir à absorber la totalité de sa population, c’est-à-dire la nourrir et lui donner des conditions d’existence acceptables. Et parvenir à éviter une explosion démographique par des politiques natalistes responsables.
Vue la situation actuelle, on ne peut pas dire que l’affaire soit franchement bien engagée de ce côté-là. Mais nous n’avons pas le choix. (...)
À l’explosion démographique s’est greffé un autre phénomène hautement perturbateur : le déséquilibre planétaire apporté par les bouleversements climatiques et par la surexploitation des ressources naturelles effectuées par les grandes puissances du Nord. (...)
Déjà dans les années 60, l’agronome écologiste René Dumont prévenait un parterre de notables américains médusés :
« Vous pouvez commencer à étudier sérieusement l’emplacement, sur les ponts du Potomac, des nids de mitrailleuses et des tanks qui devront arrêter le déferlement des hordes affamées… » (...)
J’en sais certains, pour qui “nouveau monde” rime avec “monde meilleur”, qui ne sont pas loin de céder au découragement devant l’ampleur de l’obstacle. Des obstacles.
Sûr que si nous continuons à confier nos affaires courantes à des niquedouilles ahuris sans foi ni loi comme ceux que nous nous coltinons aujourd’hui de sommets pompeux en décisions foireuses, accompagnées de “communiqués communs” insipides, nous ne sommes pas sortis d’affaire !
(...)
Sûr que si nous-mêmes cédons à nos pulsions instinctives de rejet devant ces “hordes de barbares” affamés — peut-être même islamiques sur les bords, ô horreur ! — va y avoir du sacré massacre dans l’air.
La raison d’être de ce billet n’est pas de décourager, mais d’alerter. Pour avoir des chances de franchir un obstacle, il faut au moins le connaître. Et surtout le reconnaître, l’admettre (...)