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Nous, paysans, refusons la colonisation de l’ONU par l’agrobusiness
Article mis en ligne le 25 septembre 2021
dernière modification le 24 septembre 2021

Réclamé par des multinationales, le Sommet des systèmes alimentaires organisé par l’Organisation des Nations unies désole l’autrice de cette tribune. Elle s’élève contre une « “smart agriculture” fondée sur la robotisation, la chimie, les biotechnologies… » En bref, une « agriculture sans paysans ».

En 2019, le Forum économique mondial, qui réunit les plus grandes firmes occidentales, a obtenu du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) l’organisation d’un Sommet sur les systèmes alimentaires. Celui-ci est censé traiter des questions de faim dans le monde et de production agricole durable. Et c’est Agnès Kalibata, directrice d’Agra, la branche de la Fondation Gates qui tente d’imposer l’agriculture industrielle et les biotechs en Afrique [1], qui a été désignée par l’ONU comme envoyée spéciale pour son organisation. (...)

Ce Sommet sur les systèmes alimentaires a lieu aujourd’hui, jeudi 23 septembre, à New York, après un an et demi de consultations pour sa préparation. Du fait de son organisation, il est largement colonisé par les milieux d’affaires et les propositions qu’il porte tournent toutes autour des nouvelles technologies. Des centaines d’organisations de la société civile du monde entier, au premier rang desquelles celles des petits producteurs, des pêcheurs et des peuples autochtones, ont dénoncé une consultation viciée et appelé au boycott. « Le Sommet ouvre de fait la porte à une plus grande concentration des entreprises dans ce secteur, favorise les chaînes de valeur mondialisées non durables et renforce l’influence de l’agrobusiness sur les institutions publiques », écrit ainsi le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSC). Le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, Michael Fakhri, a lui aussi dénoncé le manque de prise en compte des causes structurelles de la faim dans le monde que sont les inégalités sociales, les conflits armés et la concentration du pouvoir entre quelques entreprises.

Autre motif de contestation, la volonté du Forum économique mondial de remplacer le multilatéralisme (un État = une voix) par un « multi-acteurisme », qui mettrait sur un pied d’égalité les grandes entreprises, les États et la société civile. C’est oublier un peu vite que les États, malgré leurs nombreuses défaillances, sont censés représenter des peuples et endossent à ce titre un certain nombre de responsabilités. C’est oublier aussi que le but des grandes entreprises reste le profit, et que ce mélange des genres — où les acteurs les plus riches sont aussi les plus puissants — engage de violents conflits d’intérêts.
Un projet d’agriculture sans paysans

Réunies au sein du Forum économique mondial, ces multinationales qui lorgnent sur le monde de l’agriculture et de l’alimentation, telles que Bayer, Cargill, ChemChina-Syngenta, Microsoft ou Amazon, œuvrent désormais à une « convergence NBIC », pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives. Ce projet de nouvelle révolution technoscientifique remodèlerait profondément notre environnement. (...)