
Les grévistes de la vie chère se sont bien retrouvés hier (16 mai) sur les parkings des deux hypermarchés Géant et Carrefour pour exiger une baisse générale des prix. L’Intersyndicale reconduit son mouvement aujourd’hui aux mêmes endroits.
Ils sont arrivés de bonne heure à Carrefour, et juste avant l’ouverture à Géant. Comme annoncé à l’issue de la marche de mercredi, la mobilisation contre la vie chère s’est, hier, déplacée sur les parkings et galeries commerciales des deux hypermarchés du Grand Nouméa. Environ deux cents personnes mobilisées à Géant, mais près d’un millier en milieu de matinée à Carrefour, et environ cinq cents en fin d’après-midi.
Les grandes surfaces ont tenté d’ouvrir dans un premier temps, comme à Géant, avant de renoncer dix minutes plus tard, pour éviter tout débordement. (...)
Patience. Le noyau dur des grévistes reste composé des forces vives des cinq organisations de l’Intersyndicale. Et paraît déterminé. « Il y en a marre de la vie chère. J’étais dans la marche hier, décrit Laurella, de la Fédération des fonctionnaires, gréviste à Carrefour. Le mouvement est en train de se durcir. Il y a des gens qui ralent parce que les grandes surfaces sont bloquées. On est mères de famille, on est concernées comme eux. Ils [les politiques] ont mis en place des taxes communales, par exemple, ils ne voient pas que ce sont toujours les petites gens qui paient, qui sont obligés de prendre des crédits bancaires. » (...)
Impatience. Au fil de la journée, les syndicalistes apprennent la mobilisation relayée en Brousse et aux îles (lire pages 29 et 32), les grévistes, eux, ont des fourmis dans les jambes et improvisent, comme à Poya, un barrage filtrant sur la route du Sud devant Carrefour. Une demi-heure plus tard, il sera levé à la demande de Didier Guénant-Jeanson, le patron de l’Usoenc, les rappelant à la discipline (lire ci-dessous). « Dans le Nord, ça bouge aussi. On a des gens qui sont aussi descendus de Brousse, il faudra aussi que les gens du Sud participent à la marche prévue à Koné mardi prochain. » Hier, aucun débordement n’a été recensé. L’appel à la mobilisation d’hier était une première. Elle est aux yeux de l’Intersyndicale une réussite. « Petit à petit, la mobilisation va se faire plus intense. Il y a d’autres camarades qui vont nous rejoindre. Des écoles vont fermer demain (ce jour, Ndlr) », annoncent les syndicalistes au micro. Ces derniers ont décidé à l’unanimité de reconduire le mouvement sur les hypermarchés, ce vendredi. « Les pétroliers, les banques ce sera pour la semaine prochaine, après la marche de Koné. » (...)
L’action menée par l’Intersyndicale vie chère dérange. A en croire un nouveau message de menaces envoyé dans les boîtes de messagerie des différents syndicats, mercredi. Les membres de l’Intersyndicale l’ont découvert en rentrant de la première journée de mobilisation. En juin 2011, un premier mail signé « les gardiens » comportait des menaces de mort adressées à Didier Guénant-Jeanson à qui il était reproché « de prendre directement ses ordres de Philippe Gomès ». Cette fois, le message, qui n’est pas signé, reprend la même tonalité visant le patron de l’Usoenc, de la Fédération des fonctionnaires David Meyer, et Christophe Coulson, le président de l’UT-CFE-CGC dans des termes particulièrement insultants et violents. Les auteurs incitent également la population à prendre les armes. Un message qui circule de boîte mail en boîte mail, réceptionné également à notre rédaction.
Les membres de l’Intersyndicale ont porté plainte auprès de la police, hier matin, sans pour autant en faire état. (...)
"...Ce sont nos politiques qui sont coupables, c’est eux qu’il faut emmerder, pas les Calédoniens. Si on veut réussir, c’est de la discipline qu’il nous faut ! On est dans l’action ! Soyez disciplinés ! Je ne voulais pas le dire mais on a passé une partie de notre temps à la police aujourd’hui. On est menacé de mort. Mais non, on ne fera pas comme eux. On ne rentrera pas chez nous ! Ça nous donne plus de convictions. Ne donnons pas des armes à ces gens-là pour casser ce qu’on est en train de faire !" La consigne semble avoir été entendue.
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