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« Notre seul espoir est que les gens se battent aussi pour leurs droits ailleurs en Europe »
Article mis en ligne le 5 mars 2013

La troisième rencontre du réseau international des initiatives d’audit citoyen de la dette (ICAN – International Citizen debt Audit Network) a eu lieu à Thessalonique, en Grèce, du 15 au 18 février 2013. Le cadre n’était pas choisi par hasard : la Grèce constitue l’épicentre des attaques menées en Europe contre les populations, attaques qui – au nom du remboursement d’une dette largement illégitime – entraînent la destruction des droits les plus fondamentaux de ces populations. Une délégation s’est d’ailleurs ensuite rendue à Athènes pour rencontrer une quinzaine d’initiatives de résistance à cette destruction systématique. L’événement était accueilli par ELE et No Debt No Euro.

Des membres d’organisations et de plateformes de sept pays différents se sont de nouveau retrouvé-e-s pour discuter des alternatives et stratégies à mettre en place pour lutter contre ce système dette et les mesures d’austérité et politiques néolibérales qu’il produit en Europe. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni étaient représentés. Nos camarades de Tunisie, d’Egypte, d’Irlande, de Pologne et de France n’ont malheureusement pas pu être présent-e-s.

Après avoir expliqué la situation actuelle de nos pays respectifs, nous avons travaillé sur différentes thématiques à l’ordre du jour de cette rencontre.

La première session concernait la notion de « dette illégitime » et a donné lieu à un échange sur l’avancée du débat dans chacun des pays et sur les différentes stratégies d’audit développées. Un consensus s’est dégagé selon lequel la dette illégitime doit bien entendu être définie selon les contextes et par les populations elles-mêmes. Cependant, nous sommes d’accord sur les contours de cette notion, de son utilisation comme élément mobilisateur et des messages communs à porter. (...)


Les fondements d’une société alternative par la résistance.
L’exemple de la lutte des travailleurs de l’usine de matériaux de construction Vio.Me à Thessalonique est emblématique d’une sortie de crise par le haut. Avec des salaires non soldés depuis mai 2011 et un employeur qui a déserté les lieux malgré les bénéfices produits, les travailleurs ont fini par décider en assemblée générale (à 39 voix contre 1) de relancer la production. Après de nombreux pourparlers avec le Ministère du travail – qui n’a pas daigner libérer ne serait-ce que 1000€ de soutien à l’initiative – les travailleurs ont décidé de ne plus attendre plus longtemps et de ne pas laisser mourir leur outil de travail. "L’ancien propriétaire est endetté envers nous, mais nous avons décidé de payer la dernière machine commandée car elle nous permettra de diversifier notre production". Tout le profit dégagé de la production (reconvertie en partie en produits écologiques) sera dédié au réinvestissement et à l’aide aux familles dont les membres sont au chômage. Un besoin vital de réagir s’est donc traduit en lutte des plus politiques.

Le mouvement de solidarité envers l’initiative a été énorme (fourniture de vivres, 8000 personnes à un concert de soutien, 400 personnes lors du premier jour de reprise de la production etc.), et celle-ci compte faire des petits. "Nous parcourons le pays pour faire passer notre message, partager notre expérience et exprimer la nécessité de se diriger vers une société libérée du capitalisme." Il y a un paradoxe énorme dans la société grecque actuelle : celle-ci a entre les mains une flopée d’entreprises prêtes à fonctionner mais toute la population manque de tout...Nous retrouvons d’autres exemples de fondements de cette société alternative par la résistance dans la lutte de « l’initiative 136 http://www.136.gr/article/what-init... » qui, elle aussi née après le début de la crise, se bat contre la privatisation de l’eau et pour la socialisation de celle-ci. Citons également la plateforme « solidarity for all http://www.solidarity4all.gr/ », créée par des membres de Syriza entre autres, qui essaie de soutenir toute initiative de solidarité, à différencier politiquement de la charité, et d’aider leur mise en réseau par secteurs d’activité. Les pharmacies et cliniques solidaires pour la santé, les cours et fournitures scolaires gratuits pour l’éducation, les supports légaux pour la justice, les cantines populaires et les circuits-court (comme le célèbre mouvement des patates) pour l’alimentation, le soutien aux immigré-e-s, l’économie sociale etc. (...)

L’autre pendant de cette crise est en la montée en puissance des groupes fascistes (dont le parti nazi Aube Dorée est le plus connu aujourd’hui) et du caractère autoritaire de l’État. Ce qui a choqué de nombreux membres de la délégation en arrivant à Athènes, ce n’est pas tellement la pauvreté apparente dans les rues sinon l’omniprésence policière et la tension permanente due à cette atmosphère répressive. (...)

Les grecs ont fait plus de vingt-cinq grèves générales depuis le début des mesures d’austérité, le pouvoir en place n’a pas encore bronché. Il faut que les populations des autres pays d’Europe, dont la Grèce illustre le futur, se battent également sur ces questions centrales. Cette même personne conclût : Notre seul espoir est que les gens se battent aussi pour leurs droits ailleurs en Europe. Nous sommes les 99 %, nous avons le pouvoir
(...)