
C’est en regardant en décembre au Journal télévisé de 20 heures sur France 2 le témoignage d’une jeune diplômée marocaine, parfaitement intégrée dans la vie professionnelle, montrant, désarmée, la lettre reçue de la Préfecture, lui demandant de quitter le territoire national dans les 30 jours, que j’ai pris conscience de l’aberration et de l’injustice de la désormais tristement célèbre "Circulaire Guéant".
Avec quelques amis, j’ai immédiatement mobilisé des personnalités du monde de l’Université, de la Recherche, de l’entreprise et des médias pour parrainer des jeunes diplômés également menacés d’expulsion, autour de l’appel "Université universelle, notre matière grise est de toutes les couleurs".
Fort heureusement, et c’est dire si notre pays conserve au plus profond de lui même une forte tradition d’accueil, un véritable tollé a accueilli cette circulaire, que ce soit dans le monde universitaire, celui de l’entreprise, mais aussi au sein de la classe politique, y compris, il faut le saluer, au sein de la majorité actuelle.
En partenariat avec le Collectif du 31 mai, dans lequel les jeunes diplômés menacés par la circulaire se sont regroupés, notre appel recueillait, fin décembre plus de 30.000 signatures.
(...) Malgré les modifications intervenues ce début janvier, la "circulaire Guéant" continuera de stigmatiser et de menacer les étudiants étrangers de notre pays. Y-a-t-il franchement, monsieur Guéant, beaucoup de chômeurs parmi les polytechniciens, les ingénieurs de pointe, les chercheurs de haut niveau dont les diplômés étrangers auraient pris la place ?
Aujourd’hui la plupart des familles ont des parents, des grands parents issus de l’immigration. Le président de la République lui-même a un père venu de Hongrie. Comment peut-on ainsi, pour des raisons purement électorales, stigmatiser ceux qui viennent d’ailleurs et qui font la richesse de notre pays ? N’est-ce pas là de la xénophobie ? De celle qui rappelle une nauséabonde époque... Et j’y suis tout particulièrement sensible : mes grands-parents Schreiber venus d’Allemagne, créateurs du journal Les Echos, se faisaient insulter dans la presse en 1933...
Avec le Collectif du 31 mai, et mes amis d’"Université Universelle", avec toutes les bonnes volontés qui ne manquent pas, nous continuerons de nous battre pour que le gouvernement français retrouve le chemin de la raison et abroge ce texte stupide pour notre économie, dangereux pour notre école, scandaleux pour la réputation de notre pays et pour ces hommes et ces femmes qui en sont les victimes. (...)
Signez l’appel : L’université est universelle, notre matière grise est de toutes les couleurs !