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Non à l’armée « éducatrice », sécuritaire et discriminatoire
Article mis en ligne le 29 octobre 2011

Du 2 au 6 mai, des collégiens issus des Établissements de Réinsertion Scolaire de Nanterre ont subi un stage dans la caserne de Montlhéry du 121ème régiment (Essonne). Malgré les efforts des ministères de la Défense et de l’Éducation pour étouffer l’affaire, le scandale éclata.

Les premiers protocoles d’Armée-Éducation ont débuté en 1983 (1). Cette symbiose fut poursuivie par la Droite par des formations continues d’enseignants, des interventions de militaires dans les écoles, des visites d’installations militaires ...

En 2009, Xavier Darcos et Valérie Pécresse lancent un projet de révision de la formation des maîtres. Une décision non sans impacts, puisque, en plus de faire reculer l’école publique, elle bafoue la notion de laïcité (les Instituts Catholiques en ont profité pour s’engouffrer dans la brèche) et alimente ce nouveau lien école-armée, par la formation continue des enseignants par les colonels. Malmenés durant leur stage (mépris pour les salles de professeurs, illustrations scandaleuses des cours), les enseignants en formation ont fini par décider le boycott.

Le 31 janvier 2007, Michèle Alliot-Marie et Gilbert de Robien signent un « protocole d’accord entre le ministre de la défense et le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche » (2). Ce dernier stipule que l’école doit « former les jeunes citoyens aux principes de notre Défense », présentée comme « l’une des connaissances que tout élève doit avoir acquise à la fin de sa scolarité obligatoire » (page 5). Cet enseignement ne vise pas que les élèves, comme on a pu le constater durant un stage à Bordeaux, mais également les enseignants. (...)

Crées en 2010, les Établissements de Réinsertion Scolaire sont une nouvelle forme de partenariat entre les ministères de la Défense et de l’Éducation. On confie à l’armée des jeunes en très grande difficulté, une soupape de ‘sécurité’ pour une institution démissionnaire. Lieux de relégation, ces E.R.S. sont les pendants des ‘internats d’excellence’, avec lesquels le ministère de l’Éducation Nationale entretient une vitrine aux dépens d’une éducation globalement sacrifiée.

Dans le cadre d’une prétendue promotion de l’égalité des chances, il est également prévu par le protocole des « actions concertées entre l’Éducation Nationale et la Défense au profit des jeunes les plus en difficulté » (page 11).
(...)

Ce partenariat n’a rien de théorique. En effet, un personnel spécifique a été crée pour sa mise en place : des Délégués Militaires Départementaux sont désignés comme les interlocuteurs directs des inspecteurs d’académie. Dans chaque académie, ils sont aidés par un « référent éducation nationale », appartenant à l réserve militaire. Ce dernier se doit d’être, si possible, un personnel réserviste de l’Éducation Nationale (page 17). Pour prouver que leur rôle est loin d’être minime, le projet de stage de Montlhéry a été présenté à l’inspecteur d’académie des Hauts-de-Seine par un de ces référents. (...)

Les E.R.S. sont donc la soupape de sécurité de la nouvelle politique éducative, visant à cibler puis isoler des établissements proposant un ‘smic de connaissances’ à des élèves considérés comme ‘peu performants’. Les plus ‘méritants’ d’entre eux se voient offrir des ‘internats d’excellence’. Il va de soi que ces innovations touchent particulièrement les quartiers populaires. Couplés à la disparition de la carte scolaire, elles ne font que renforcer la ‘ghettoïsation scolaire’ par la politique de sécurisation. Tout cela au nom d’une « égalité des chances », qui ne relève plus d’une logique d’action publique territoriale mais d’une politique de l’injonction à la performance individuelle.

Par cette inflation méritocratique couplée à une politique sécuritaire, l’Éducation Nationale se fait complice de politiques discriminatoires, qui ne produisent que la confusion. (...)

Ciotti veut supprimer les allocations familiales aux parents dont les enfants sèchent les cours (article L 222-4-1 du Code de l’action sociale et des familles ) ? Qu’on supprime toute subvention aux écoles qui décident d’abandonner leurs élèves aux mains des militaires !

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