
Quinze mois après le pire naufrage survenu dans la Manche le 24 novembre 2021, des familles de victimes, accompagnées d’associations, ont déposé lundi une demande d’indemnisation auprès des autorités françaises. Les requérants leur reprochent leur "inaction fautive". Ce jour-là, aucun bateau de secours n’avait été envoyé malgré des appels à l’aide répétés des migrants qui se noyaient.
(...) Les acteurs visés par cette demande sont Matignon, le ministère de l’Intérieur, le secrétariat d’Etat chargé de la mer, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar), et le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross). Les requérants leur reprochent leur "inaction fautive" et les "manquements de l’Etat à ses obligations en matière de moyens humains et matériels affectés au sauvetage des personnes qui traversent la Manche". (...)
Ce drame - la pire catastrophe migratoire dans la Manche - avait fait des victimes âgées de 7 à 46 ans, essentiellement des Kurdes irakiens. Quatre personnes sont toujours portées disparues et deux migrants ont survécu. Ces deux survivants, un Kurde iranien et un Soudanais, ont raconté aux enquêteurs que leur canot, parti d’une plage à proximité de Dunkerque, avait commencé à se dégonfler et à couler quelques heures après le départ.
"Des opérateurs du Cross ont été contactés au moins à 14 reprises"
Le jour du drame, "des opérateurs du Cross ont été contactés au moins à 14 reprises par l’embarcation sans qu’aucune opération de sauvetage ne soit déclenchée", insiste Utopia 56 dans un communiqué, en se basant sur les premiers éléments d’une enquête ouverte à Paris et confiée à la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco). (...)
"L’objectif, ce n’est pas de gagner de l’argent"
La demande d’indemnisation est une "action complémentaire" de la procédure pénale, a expliqué auprès de l’AFP Me Emmanuel Daoud, avocat des familles et des association. Elle pourrait "aider à la manifestation de la vérité dans le cadre de l’enquête. (...)