
Nadia est afghane. Cette ancienne auxiliaire de l’armée française en Afghanistan a pu quitter le pays après le retour au pouvoir des Taliban il y a deux ans, le 15 août 2021. Réfugiée en France, elle tente de se construire une nouvelle vie loin de la menace talibane mais assure qu’elle ne sera vraiment sereine que lorsque sa famille l’aura rejointe en France.
Nadia a pu quitter le pays dans l’un des vols mis en place par les autorités françaises en août 2021. Mais sa famille – ses parents et sa petite sœur de 22 ans – est restée sur place.
Deux ans après ce départ précipité et son installation en France, Nadia revient sur l’histoire de son intégration et celle de sa famille qui a finalement dû fuir l’Afghanistan pour se protéger.
"Ça fait maintenant deux ans que je suis en France. Aujourd’hui, j’habite à Nîmes, je vis dans un foyer où j’ai un studio.
Je n’ai pas encore trouvé de travail. J’aimerais pouvoir travailler comme sage-femme mais je n’ai pas de diplôme français donc je pense chercher un emploi de vendeuse dans un magasin.
En tant que réfugiée, beaucoup de choses sont difficiles comme la langue, les papiers administratifs, les courriers, etc. Habiter seule, c’est difficile aussi. Ma famille n’est pas avec moi. Mes parents et ma petite sœur vivent en Iran maintenant. Ils sont là-bas depuis neuf mois environ. Il y a un an et demi, j’ai déposé des demandes de visas pour qu’ils viennent me rejoindre en France mais je n’ai toujours pas de nouvelles.
Ma famille a fini par partir en Iran car la vie était très compliquée pour eux en Afghanistan. Ils ont dû déménager plusieurs fois car les Taliban venaient chez eux pour leur demander où était leurs filles.(...)
Pour les femmes, une vie impossible
Ma petite sœur a pu finir l’université et obtenir son diplôme de médecine deux mois après l’arrivée des Taliban. Mais aujourd’hui, la vie est extrêmement dure pour les femmes en Afghanistan. Elles ne peuvent pas étudier, ni travailler. Elles ne peuvent pas partir et elles ne peuvent même plus aller dans les salons de beauté.
Les Taliban estiment que les femmes doivent se marier et ne pas gagner d’argent. Mais aujourd’hui, de plus en plus de femmes refusent de se marier parce qu’elles ne veulent pas qu’on leur impose des maris taliban. Ce ne sont pas des hommes, ce sont des animaux.
Quand ma famille vivait encore en Afghanistan, un Taliban est venu un jour chez mes parents leur dire qu’il voulait épouser ma petite sœur. Mais elle ne voulait pas et mon père aussi a refusé. Alors ils ont encore déménagé et c’est à ce moment-là qu’ils ont décidé de partir en Iran, pour protéger ma petite sœur. (...)
Je suis toujours très inquiète pour ma famille. Je voudrais vraiment qu’ils viennent ici me rejoindre. Je me sens toujours triste quand je pense à ça. J’en parle avec La Cimade [association d’aide aux migrants et aux réfugiés, ndlr] et avec mon assistante sociale mais, pour le moment, je n’ai pas de réponse.
Avant, je lisais beaucoup de choses et je regardais beaucoup de vidéos sur l’Afghanistan mais maintenant, je ne le fais plus parce que ça me rend trop triste. On se demande comment ce qu’il se passe est possible… (...)