
"Halte à la pollution. La faune meurt, les enfants pleurent" : le pied à peine posé sur le sol de l’île de Lifou en Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre a pu lire sur des banderoles la colère des habitants confrontés à une pollution aux hydrocarbures.
Arrivé samedi à Nouméa, Edouard Philippe a mis le cap dimanche sur Lifou, peuplée d’un peu moins de 10.000 habitants vivant dans un cadre paradisiaque, dans le respect des rites et traditions de la coutume kanak.
Assis sur des nattes, le Premier ministre, accompagné dans ce déplacement par la ministre des Outre-mer, celle de la Justice et le secrétaire d’Etat à la transition écologique, s’est vu remettre un sac en plastique contenant des boulettes d’hydrocarbures, que la mer ramène sur les plages de l’île depuis le 23 novembre.
"On ne peut pas rester insensible à ce qui se passe. On veut interpeller le Premier ministre sur ce vrai problème qui touche la population. On n’a pas d’informations claires", lui a ensuite lancé devant le siège de la province des îles Loyauté Thierry Rokead, entouré d’une cinquantaine de membres d’un collectif.
"La pêche fait partie de notre quotidien, on n’a pas les moyens d’acheter du poisson", a protesté une manifestante, précisant que des tortues, des serpents et des holothuries avaient été trouvés morts.
Le collectif a également dénoncé l’impact sur le tourisme de cette pollution, attribuée à un porte-conteneurs, le Kea Trader, qui s’est encastré le 12 juillet sur un récif au sud-est de l’île de Maré.
Ce navire de 184 mètres de long a été dépollué mais, après s’être brisé en deux parties, du fioul lourd, dit "impompable", s’est échappé des cales, de sorte que près de 90 kilos de boulettes de carburant ont jusqu’à présent été ramassées à Lifou et en plusieurs points de la côte est.
– "sur la bonne voie"-
En bras de chemise, Edouard Philippe est allé à la rencontre des manifestants. "On s’inquiète pour nos enfants. Pouvez-vous faire quelque chose, c’est tout ce qu’on veut", lui a demandé une mère de famille, avec ses deux petites filles.
Le Premier ministre a affirmé comprendre l’"inquiétude" de la population, assurant que "toutes les mesures sont prises" et que les choses étaient sur "la bonne voie".
Il a ensuite souligné devant les élus locaux que "dès le début une priorité constante avait été partagée avec le gouvernement local et l’armateur, qui s’est bien conduit, pour éviter les dommages".
Le locataire de Matignon a en outre participé à une réunion technique sur le sujet, en présence notamment du maire de Lifou, Robert Xowie, qui a interdit la pêche et la baignade, dans l’attente des résultats d’analyse des boulettes. (...)