
Il y a dix ans, une année après la tenue du premier Forum social mondial (FSM) à Porto Alegre (Brésil), se déroulait, avec succès, la première édition du Forum social européen (FSE) à Florence (Italie) [1].
Au lieu de se renforcer au fil du temps, cette dynamique de rassemblement des mouvements sociaux engagés contre le néolibéralisme dans l’espace européen s’est effritée au cours des années qui ont suivi. Le FSE s’est ainsi éteint, dans une grande discrétion, en 2010 à Istanbul (Turquie) [2].
Où en est aujourd’hui la tentative de (re)mobiliser un mouvement social à l’échelle continentale, capable d’articuler anciens et nouveaux acteurs de la contestation surgis en 2011 (Indignés, Occupy Wall Street) pour imposer un rapport de forces aux gouvernements et aux institutions de l’Union européenne (UE) ? Et ce, alors que la crise systémique du capitalisme, dont les formes singulières s’expriment en Europe à travers la crise de l’euro et des dettes souveraines, fait vaciller un Vieux Continent dont les sociétés - toujours plus soumises à l’hégémonie de la bourgeoisie allemande - s’enfoncent, notamment depuis 2010, dans la tourmente austéritaire ?
Deux événements visant à impulser ou relancer cette dynamique de convergence des résistances et des luttes sociales au niveau européen viennent précisément d’avoir lieu. (...)
A l’occasion des dix ans du FSE, la ville de Florence a accueilli, du 8 au 11 novembre, entre 2 000 et 3 000 personnes, 300 organisations et réseaux issus de 28 pays dans le cadre d’une rencontre intitulée « Florence 10 + 10 » [3]. (...)
les contradictions non résolues auxquelles ont dû faire face les Forums sociaux européens se sont accentuées avec l’approfondissement de la crise et de l’austérité.
Celles-ci ont entraîné une augmentation significative de la conflictualité sociale partout en Europe : grèves générales, actions dans les usines et les entreprises, mouvements étudiants, contestation de fractions des classes moyennes - Indignés, etc. -, luttes autour de thématiques agricoles, rurales et environnementales dans les territoires locaux, etc.
Mais, en aiguisant la dimension défensive des résistances, elles ont, dans le même temps, consolidé les forces centrifuges qui contiennent les mouvements sociaux depuis quinze ans. (...)
Deux initiatives principales ont été annoncées pendant cette rencontre (voir texte en annexe). La première est l’organisation d’une nouvelle journée d’action commune le 23 mars 2013 à l’occasion du Sommet européen semestriel. La seconde est le lancement d’un processus visant à rassembler l’ensemble des forces sociales, en lien avec les forces politiques (sous des formes à déterminer laissant la direction de la préparation aux mouvements sociaux), qui luttent contre l’austérité en Europe. Et ce, afin de bâtir un cadre de travail permanent et pérenne, ainsi qu’un agenda de mobilisations communes.
Cet « Alter Summit » devrait se tenir du 7 au 9 juin à Athènes [9].
Constituera-t-il ce point de « (re)connexion » pour les mouvements sociaux, syndicaux et politiques de transformation en Europe ? (...)