
Universitaires et chercheurs écrivent beaucoup en ce moment. Voire, écrivent à beaucoup. C’est le cas des plus de 3000 signataires d’une candidature commune à la présidence de HCERES – le Haut conseil pour l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Par une lettre commune, suivie de candidatures réellement déposée en réponse à l’appel d’offre pour ce poste. L’existence même de ce mode d’action provient d’une faute grave du gouvernement et du Président Emmanuel Macron. En effet, le HCERES est depuis plus d’un mois privé de Collège de direction et de Président du dit Collège depuis le départ à la retraite de Michel Cosnard. Un départ prévu… depuis plusieurs années. Une vacance de poste dont la signification ne doit pas être sous-estimée, car elle ne se réduit pas à un couac de calendrier ou un dysfonctionnement technique de l’Etat.
Des désaccords entre Matignon, l’Elysée et la rue Descartes sont à l’origine de cette vacance du poste. Et notamment le refus de nommer à ce poste l’un des candidats, Vincent Berger. Probablement pour le punir de son action lors de l’affaire « Peyroche » (1). Le résultat est que le HCERES est privé de son instance de direction censée garantir son statut d’Autorité administrative indépendante, donc à l’abri de toute instruction du pouvoir politique. Une vacance qui fait de sa directrice générale, une fonctionnaire nommée et non garante de ce statut, la direction opérationnelle du HCERES… au moment où Emmanuel Macron – voir son discours au 80 ans du CNRS – lui réclame de désigner les laboratoires perdants de l’évaluation à sacrifier budgétairement. Le nom du futur Président du HCERES est un secret de Polichinelle, il s’agit de Thierry Coulhon, actuel conseiller scientifique à l’Elysée et fervent partisan du retour de la « note couperet » bien utile pour couper les crédits.
Dans un tel contexte, la candidature commune des plusieurs milliers de signataires prend un sens précis. Comme leur texte par lequel ils s’inquiètent de ce que « Les réformes structurelles ont conduit à une chute de la qualité et du niveau d’exigence de la production scientifique, dont les multiples scandales concernant des fraudes ne sont que la partie apparente. Cette crise institutionnelle du monde savant est d’autant plus dramatique qu’elle survient dans une phase de crise sociale, climatique et démocratique dont la résolution passe par la production, la transmission, la critique et la conservation des savoirs. »
Les signataires proposent plusieurs réformes visant à améliorer l’autonomie de la recherche publique, condition de son efficacité, notamment la reprise en main de l’édition des revues scientifiques et l’évaluation des travaux. (...)