
Monsieur l’Premier ministre, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être si vous avez le temps… Ainsi aurait pu commencer la lettre ouverte rédigée au nom des élèves et des enseignants mobilisés par Clara Dadole, élève au lycée Jean-Monnet de Saint-Étienne. Son propos : soutenir cinq lycéens et collégiens visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Leur seule faute : avoir 18 ans, âge fatidique qui vaut à ces jeunes de devenir instantanément expulsables et être albanais ou congolais.
Fatos, Rahman, Mirush, Djimi et Pedro sont arrivés entre 2011 et 2013 ; ils ont été pris en charge par le foyer Habitats jeunes Clairvivre de Saint-Étienne, ont appris le français en un temps record et poursuivent des études qui s’annoncent, pour certains d’entre eux, brillantes. Amis et professeurs en témoignent, ils sont des exemples, parmi beaucoup d’autres, de jeunes « intégrés » selon les normes de la République. Clara rappelle donc poliment le Premier ministre à sa déclaration de politique générale du 8 avril dernier. Devant l’Assemblée et la France entière, il a dit à propos de la jeunesse des quartiers populaires : « Souvent ces jeunes voudraient, mieux encore, aimer la France et être aimés d’elle. Je veux aussi dire à ces talents qui pensent que la France ne leur fait pas de place, que la France a besoin d’eux. » (...)