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Mondial de foot des sans-abri : "Chaque joueur laisse ses problèmes derrière lui"
Article mis en ligne le 10 septembre 2017

Le coup d’envoi du Mondial de football des sans-abri a été donné mardi, à Oslo, en Norvège. Educatrice spécialisée et ancienne footballeuse, Florence Dejaegher entraîne l’équipe féminine de Belgique, partie concourir. Témoignage

un tournoi moins médiatisé que son pendant professionnel. Et pourtant, ses retombées sociales et humaines ne sont pas négligeables. Lancée mardi 29 août dans la capitale norvégienne, la Coupe du monde de football des sans-abri va durer une semaine. Une semaine durant laquelle plus de 500 femmes et hommes en situation précaire – réfugiés, SDF, victimes de violences conjugales – et originaires de 50 pays différents vont s’affronter.

N’ayant jamais quitté sa passion pour le ballon rond attrapée dans les rues du Rwanda, Florence Dejaegher entraîne l’équipe féminine belge, les "Belgian Homeless Devils-Flames", depuis maintenant trois ans. Sélection, préparation et suivi post-compétition…. Cette Belgo-marocaine de 30 ans nous explique comment elle encadre ces joueuses hors du commun qui vivent une parenthèse enchantée : (...)

Très vite, j’ai décidé de devenir éducatrice spécialisée. Pour mon travail de fin d’études, j’ai planché sur l’intégration des demandeurs d’asile en institution et dans leur terre d’accueil, à travers le football. Ce fut mon premier pas vers l’association foot/précarité.

Je suis ensuite retournée au Rwanda, après le génocide. J’ai été touchée de voir des orphelins dans les rues, des blessés, des sans-abri. Alors, j’ai commencé à jouer dans la rue avec quelques enfants. Très jeune, j’avais déjà conscience d’être née dans une famille avec des moyens et d’avoir, juste à mes côtés, un gouffre. Je m’étais alors juré que, quand je serai grande, je ferai quelque chose alliant foot et intégration.

Trouver sa place grâce au football
Aujourd’hui, je suis éducatrice spécialisée en centre d’accueil pour femmes et enfants en difficulté. En parallèle, j’entraîne depuis trois ans l’équipe des "Belgian Homeless Devils". Parmi les joueurs et joueuses, on a vraiment tous les types de profils : des personnes vivant dans la rue, des ex-alcooliques ou toxicomanes, des femmes victimes de violences conjugales…

En ce moment, nous logeons dans le même hôtel que les équipes chilienne, britannique, ivoirienne et égyptienne. On discute d’un étage à l’autre ; sur chaque porte de chambre figure un drapeau de chaque pays. Les repas sont pris dans une grande salle située non loin des terrains : on y mange tous ensemble, c’est un beau moment de rencontre. (...)

Chacun laisse derrière lui ses problèmes : on ne s’intéresse pas à ses soucis, mais à ce qu’il est. Après chaque match, les joueurs se font une accolade amicale entre équipes adverses. (...)

n’importe quelle personne en difficulté n’est pas capable de faire partie de l’aventure. La Coupe du monde des sans-abri est un moment fort, qui nécessite d’avoir confiance en soi et d’être un minimum sevré de ses addictions, car la drogue et l’alcool sont évidemment interdits sur place. Certains joueurs, issus de la psychiatrie, doivent ainsi pouvoir s’autogérer avec leur traitement.

Au retour en Belgique, nous faisons d’ailleurs très attention à assurer aux joueurs un bon suivi. Durant toute la compétition, ils vivent entourés, participent à une effervescence. C’est de la joie, de l’adrénaline. Et hop, tu rentres chez toi ou retournes à la rue et tu te retrouves seul, en fait. C’est un gros "down". L’accompagnement et le suivi sont essentiels ! C’est pourquoi le coach local est si important pour accueillir et soutenir le joueur à son retour."