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Migrants : les maraudeurs sauvent une maman enceinte dans la tourmente du Montgenèvre. Le petit garçon voit le jour à l’hôpital de Briançon. rassemblement ce mercredi à 9h devant la PAF de Montgenèvre pour soutenir le bénévole convoqué par la Police.
Article mis en ligne le 13 mars 2018

La situation déjà compliquée devient intenable pour ne pas dire insoutenable à la frontière franco-italienne des Hautes-Alpes et ce, quel que soit le point de vue que l’on puisse avoir sur le problème des migrants. C’est en tout cas ce qui apparaît selon ce témoignage que nous avons reçu sachant que les autorités auront à priori une version différente des faits.

Ce samedi soir, les maraudeurs sont comme presque tous les soirs au pied des pistes de la station près de la douane. C’est la que chaque nuit les migrants essayent de passer la frontière. C’est alors que les bénévoles du Refuge Solidaire tombent sur une famille : le père, la mère et deux enfants de 2 et 4 ans en pleine tourmente. Ils apprennent alors que la maman est enceinte de 8 mois et demi et décident de l’évacuer tout de suite sur l’hôpital de Briançon.

Ils tombent alors sur un contrôle des douanes à la Vachette mis en place pour arrêter les passeurs comme une trentaine l’ont été en 2017. Mais la maman va accoucher. Après discussion, ce sont les pompiers qui viennent évacuer la maman vers l’hôpital de Briançon et le reste de la famille est ramené en Italie.

Quelques heures plus tard, la maman donne naissance à un petit garçon et, selon les bénévoles, c’est sur l’insistance du corps médical que les policiers vont rechercher la famille en Italie qui est finalement réunie en pleine nuit à Briançon. Du côté des autorités, on précise que le reste de la famille n’a pas fait l’objet d’une reconduite à la frontière.

Un témoignage bouleversant et glaçant comme l’écrit Joël Pruvost qui l’a adressé.

Ce dernier invite à un rassemblement ce mercredi à 9h devant la PAF de Montgenèvre pour soutenir le bénévole convoqué par la Police.

Le témoignage :

Pour ou contre les migrants, c’est inhumain ce qu’il arrive à la frontière.

Témoignage glaçant, on atteint le sommet de l’abjection au col de Montgenèvre
Une maraude ordinaire comme il s’en passe tous les jours depuis le début
de l’hiver.
Au pied de l’obélisque, une famille de réfugiés marche dans le froid. La
mère est enceinte. Elle est accompagnée de son mari et de ses deux enfants
(2 et 4 ans). Ils viennent tout juste de traverser la frontière, les
valises dans une main, les enfants dans l’autre, à travers la tempête.
Nous sommes 2 maraudeurs à les trouver, à les trouver là, désemparés,
frigorifiés. La mère est complètement sous le choc, épuisée, elle ne peut
plus mettre un pied devant l’autre. Nos thermos de thé chaud et nos
couvertures ne suffisent en rien à faire face à la situation de détresse
dans laquelle ils se trouvent. En discutant, on apprend que la maman est
enceinte de 8 mois et demi. C’est l’alarme, je décide de prendre notre
véhicule pour l’ emmener au plus vite à l’hôpital. Dans la voiture, tout
se déclenche. Arrivés au niveau de la Vachette(à 4 km de Briançon), elle se
tord dans tous les sens sur le siège avant. Les contractions sont bien là…
c’est l’urgence. J’accélère à tout berzingue. C’est la panique à bord.
Lancé à 90 km/h, j’arrive à l’entrée de Briançon...et là, barrage de
douane.
Il est 22h. « Bon sang, c’est pas possible, merde les flics ! ». Herse
au milieu de la route, ils sont une dizaine à nous arrêter. Commence
alors un long contrôle de police. "Qu’est ce que vous faites là ? Qui
sont les gens dans la voiture ? Présentez-nous vos papiers ? Ou est-ce
que vous avez trouvé ces migrants ? Vous savez qu’ils sont en situation
irrégulière !? Vous êtes en infraction !!!"… Un truc devenu habituel
dans le Briançonnais. Je les presse de me laisser l’emmener à l’hôpital
dans l’urgence la plus totale. Refus ! Une douanière me lance tout
d’abord « Comment vous savez qu’elle est enceinte de 8 mois et demi ? »
puis elle me stipule que je n’ai jamais accouché, et que par conséquence
je suis incapable de juger l’urgence ou non de la situation. Cela
m’exaspère, je lui rétorque que je suis pisteur secouriste et que je
suis à même d’évaluer une situation d’urgence. Rien à faire, la voiture
ne redécollera pas. Ils finissent par appeler les pompiers. Ces derniers
mettent plus d’une heure à arriver. On est à 500 mètres de l’hôpital. La
maman continue de se tordre sur le siège passager, les enfants pleurent
sur la banquette arrière. J’en peux plus. Un situation absurde de plus.
Il est 23h passées, les pompiers sont là... ils emmènent après plus d’une
heure de supplice la maman à l’hosto. Les enfants, le père et moi-même
sommes conduits au poste de police de Briançon à quelques centaines de
mètres de là. Fouille du véhicule, de mes affaires personnelles, contrôle
de mon identité, questions diverses et variées, on me remet une
convocation pour mercredi prochain à la PAF de Montgenèvre. C’est à ce
moment-là qu’on m’explique que les douaniers étaient là pour arrêter des
passeurs. Le père et les deux petits sont quant à eux expulsés vers
l’Italie. Pendant ce temps-là , le premier bébé des maraudes vient de
naître à Briançon. C’est un petit garçon, né par césarienne. Séparé de
son père et de ses frères, l’hôpital somme la PAF de les faire revenir
pour être au côté de la maman. Les flics finissent par obtempérer. Dans
la nuit, la famille est à nouveau réunie.

La capacité des douaniers à évaluer une situation de détresse nous
laisse perplexe et confirme l’incapacité de l’État à comprendre le drame
qui se trame à nos maudites frontières.
Quandtà nous, cela nous renforce dans la légitimité et la nécessité de
continuer à marauder... toutes les nuits.*

Pas un jour en tout cas ou presque sans qu’on ne frôle le drame à la frontière franco-italienne. Ce vendredi, un migrant a été sauvé par les secouristes en montagne alors qu’il tentait en plein hiver de rejoindre la France par le col de l’Echelle pourtant énormément enneigé.

Et c’est le moment que choisit le Front National pour s’insurger et cibler Aurélie Poyau, conseillère départementale et adjointe au maire de Briançon.

Le responsable départemental l’accuse d’avoir volontairement fait passer des migrants (le communiqué du FN ci dessous).

Par ailleurs, une manifestation aura lieu mardi au sujet du centre d’hébergement de Veynes (communiqué ci-dessous). (...)

Le 13 mars aura lieu à Gap, le procès d’expulsion du CHUM : ce lieu autogéré, organisé par des gens qui demandent à minima que les institutions respectent la loi, et qui proposent beaucoup mieux qu’elles. Ce procès, c’est la seule réponse officielle de l’État face à nos dénonciations, et l’on voit que pour protéger ses remparts, le rouage est huilé : huissiers, traitement des demandes d’expulsion, dans ce sens cela fonctionne bien ! Fait de bric et de broc, le CHUM est un lieu de vie, de passage, d’échange, d’entraide qui répond à l’urgence constante et à un besoin criant d’humanité.

Au quotidien, écœuré par cette triste politique, le CHUM est rythmé de récups, de dons, de permanences médicales, d’accompagnements juridiques, de moments de partage, de visites prévues ou spontanées qui font du bien. Il continue à vivre, malgré nos grosses cernes qui nous empêchent d’oublier cette triste réalité.

MOBILISONS NOUS POUR DÉFENDRE CE LIEU D’ACCUEIL SOLIDAIRE ET CONTINUONS À DÉNONCER LA POLITIQUE ANTI-MIGRATOIRE DE L’ÉTAT FRANÇAIS !!!! (...)

quasiment chaque nuit, certains essayent toujours de rejoindre la France via le col puis les pistes de Montgenèvre. Ce sont des passeurs mal intentionnés qui leur proposent cette solution en gare de Turin non sans les délester de leur argent. Comble de tout, ils donnent, pour contact en France, le numéro des bénévoles de Briançon qui ne sont là que pour éviter des drames. Résultat, Elie, l’un d’entre eux, a décidé comme beaucoup d’autres de ne plus répondre au téléphone pour ne pas faire le jeu des passeurs. ils continuent cependant bien sûr à porter secours et à accueillir ceux qui sont passés au refuge solidaire à Briançon. (...)