
La capitaine, Carola Rackete, a pris les devants et décidé d’accoster, dans la nuit de vendredi à samedi. Elle a été arrêtée pour aide à l’immigration clandestine.
Soixante heures après avoir déclaré l’état d’urgence, le bateau humanitaire Sea-Watch 3 est entré dans le port de Lampedusa et sa capitaine, Carola Rackete, qui avait forcé le blocus des eaux territoriales italiennes, a été arrêtée samedi 29 juin, a rapporté Ruben Neugebauer, le porte-parole de l’ONG à l’Agence France-Presse (AFP). (...)
« Nous attendons encore et toujours une solution qui ne se dessine malheureusement pas. C’est pourquoi j’ai maintenant moi-même décidé d’accoster dans le port », a expliqué la capitaine du navire dans une vidéo relayée par Sea Watch sur Twitter. Elle a alors forcé le passage au beau milieu de la nuit, malgré la vedette de police chargée de l’en empêcher. (...)
Un peu avant 3 heures, la police est montée à bord pour arrêter la jeune femme. La capitaine, qui risque jusqu’à dix ans de prison, selon les médias italiens, est descendue du navire encadré par des agents, sans menottes, avant d’être emmenée en voiture. (...)
« Fiers de notre capitaine »
« Nous sommes fiers de notre capitaine : elle a fait exactement ce qu’il fallait, elle a insisté sur le droit de la mer et a mis les gens en sécurité », a écrit sur Twitter le président de l’ONG allemande, Johannes Bayer. (...)
Les 42 migrants encore présents à bord du navire ont commencé à débarquer peu après 5 h 30, certains tout sourire, d’autres en larmes, alors que le jour se levait, pour être conduit dans le centre d’accueil de l’île. (...)
Malgré la fermeté affichée par M. Salvini, ce centre n’est jamais vide : Lampedusa a vu débarquer plus de 200 migrants pendant les deux semaines où le Sea-Watch est resté bloqué au large de l’île. Et plusieurs embarcations de fortune ont été signalées dans la nuit au large. Juste après, le Sea-Watch, conduit par les gardes-côtes, est reparti pour s’ancrer au large. (...)
Dans le même temps, le navire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms patrouillait au large de la Libye, malgré la menace d’une amende de 200 000 à 900 000 euros brandie par les autorités espagnoles. « Si je dois payer par la prison ou par une amende le fait de sauver les vies de quelques personnes, je le ferai », a assuré Oscar Camps, fondateur de l’ONG.
Une enquête ouverte contre Carola Rackete (...)
Le parquet d’Agrigente (Sicile) a ouvert une enquête jeudi contre Carola Rackete pour aide à l’immigration clandestine et non-respect de l’ordre d’un navire militaire italien de ne pas pénétrer dans les eaux territoriales italiennes. (...)
M. Salvini refuse que les migrants débarquent avant d’avoir l’assurance qu’ils seront immédiatement transférés aux Pays-Bas, en Allemagne ou dans d’autres pays européens. Vendredi en début d’après-midi, le ministre des affaires étrangères italien, Enzo Moavero, avait annoncé sur Twitter, en les remerciant, que cinq pays (la France, l’Allemagne, le Portugal, le Luxembourg et la Finlande) étaient disposés à accueillir ces migrants.
La Commission européenne exigeait que les migrants soient à terre avant d’organiser la répartition, tandis que M. Salvini refusait de les laisser descendre avant d’avoir l’assurance qu’ils seraient immédiatement transférés aux Pays-Bas, en Allemagne ou dans d’autres pays européens.
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(...) La capitaine, qui risque jusqu’à 10 ans de prison selon les médias italiens, est descendue du navire encadré par des agents, sans menottes, avant d’être emmenée en voiture. (...)
Sur le quai, des habitants et militants sont venus acclamer l’arrivée du navire, tandis que d’autres ont applaudi l’arrestation aux cris de « Les menottes ! », « Honte ! », « Va-t’en ! » Si les pêcheurs et les habitants de Lampedusa ont été en première ligne de l’accueil des migrants depuis près de 30 ans, la Ligue de Matteo Salvini a obtenu 45% des voix aux élections européennes de mai sur l’île.