Professeur à Stanford University, Michel Serres s’est s’adressé à la centaine de personnes présentes dans le salon de la librairie Mollat, comme à ses élèves (ici majoritairement cinquantenaires), leur expliquant comment une génération nourrie au biberon par les technologies organisait son savoir avec une nouvelle tête externe à son propre corps : l’ordinateur. Refusant le terme de conflits de générations, il résume son propos par ces propositions : "Qu’est-ce que la science ? Ce que les vieux enseignent aux jeunes. Qu’est-ce que la technologie ? Ce que les jeunes apprennent aux vieux."

Carte d’identité de la Petite Poucette.

Née entre 1980 et 1990, "dans cette période où les nouvelles technologies sont monnaie courante", elle ne pouvait être que fille vu que "ces dernières années, on assiste à la victoire des femmes". Michel Serres, pour exprimer ses idées, a ainsi "tenu à créer un personnage, qui serait plus frappant qu’un concept" et lui est finalement reconnaissant du nouveau sens qu’elle a donné au mot "maintenant".

Pour le sens commun, "maintenant" désigne l’instant présent. Pour Petite Poucette, "maintenant" reprend le sens de "tenant en main". Citant la théorie mathématique du Petit monde (n’importe qui peut, en un minimum de quatre appels, joindre n’importe qui à travers le monde), le philosophe exprime la devise de son personnage : "maintenant, tenant en main le monde". Si, en leurs temps, seuls l’empereur Auguste et Louis XIV pouvaient tenir ces propos, ils sont maintenant "3.750 millions qui ont un portable en main et peuvent dire cette maxime". (...)

Il souhaiterait (...) remettre au goût du jour l’expression de Montaigne "Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine" ; car si le nouveau cerveau n’a pas besoin d’accumuler de l’information, son problème n’est donc pas d’être bien rempli mais de devenir créatif.