
Ils utilisent leurs propres déchets pour alimenter leur méthaniseur et réinjectent ensuite l’énergie produite dans le réseau électrique. Les agriculteurs qui font le choix de la microméthanisation misent sur l’autonomie de leur exploitation et la consolidation de leurs revenus.
Une fois le digestat sorti du méthaniseur, il est épandu sur les sols en tant qu’engrais
Dans son méthaniseur, Pascal Huchet ne met que les déchets issus de sa ferme. « Je ne veux pas faire venir de déchets de l’extérieur, je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Il n’y pas de traçabilité possible. » D’autres ont fait le choix de récupérer les déchets d’autres fermes mais aussi des collectivités. À ça, il répond : « Quand on voit ce qu’il y a sur le bord de la route, des bouteilles vides, des emballages MacDo, non merci. »
La qualité des déchets utilisés est essentielle car une fois le digestat sorti du méthaniseur, il est épandu sur les sols en tant qu’engrais. Pour produire un maximum de méthane et un digestat de qualité, il faut bien doser ses ingrédients entre lisier et maïs, par exemple. Pascal Huchet dédie dix hectares au maïs destinés à la cuve, « pas grand-chose », commente-t-il. Ce type de culture, nommé cultures intermédiaires à valorisation énergétique (Cive), possède un fort pouvoir méthanogène, d’où son intérêt.
Mais la tentation est grande de produire du maïs en quantité pour alimenter l’installation. Pour éviter une telle dérive, le prix de rachat s’accompagne d’une prime si la quantité de Cive ne dépasse pas les 15 % de l’approvisionnement. Un garde-fou insuffisant, selon Benoît Collorec, porte-parole dans le Finistère du syndicat Confédération paysanne, et lui-même producteur de lait. (...)
Même chose avec la betterave, explique Pascal Nizan : « D’habitude, on utilise la pulpe pour les bêtes, maintenant on s’en sert aussi pour alimenter le méthaniseur. Ce n’est pas normal. » (...)
L’éleveur défend une méthanisation au service de l’exploitation, et pas l’inverse. Il résume : « Soit on produit pour la méthanisation, soit on produit pour les animaux. » Et lui a fait son choix. Tout comme Pascal Huchet, même si leurs modèles d’exploitation sont bien différents.
L’association des agriculteurs méthaniseurs de France va plus loin en mettant dos à dos méthanisation agricole et industrielle. (...)
Santé des sols, fuites de méthane, pollutions accidentelles de cours d’eau... Les préoccupations sont nombreuses
Alors que la filière faisait ses premiers pas à la fin des années 1990, elle est désormais en plein boom. En 2015, le gouvernement avait fixé l’objectif de mille méthaniseurs en France d’ici 2020. Les premières régions productrices de méthane, sous forme d’électricité et chaleur ou de gaz, sont la Bretagne avec 130 unités et le Grand Est. Avec cet essor, l’inquiétude monte aussi. La stabilité financière que procure le rachat du méthane est fustigée par la Confédération paysanne, qui parle de paysan devenant « énergiculteur ». Traiter les rebuts de l’agriculture tout en produisant de l’énergie, le concept est intéressant, mais attention, « la méthanisation ne doit pas devenir [uniquement] un complément de revenu, appelle de ses vœux Charlotte Kerglonou, porte-parole du syndicat en Ille-et-Vilaine. Sinon, le lait deviendra un sous-produit. » (...)
Santé des sols, fuites de méthane, pollutions accidentelles de cours d’eau... Les préoccupations sont nombreuses
Alors que la filière faisait ses premiers pas à la fin des années 1990, elle est désormais en plein boom. En 2015, le gouvernement avait fixé l’objectif de mille méthaniseurs en France d’ici 2020. Les premières régions productrices de méthane, sous forme d’électricité et chaleur ou de gaz, sont la Bretagne avec 130 unités et le Grand Est. Avec cet essor, l’inquiétude monte aussi. La stabilité financière que procure le rachat du méthane est fustigée par la Confédération paysanne, qui parle de paysan devenant « énergiculteur ». Traiter les rebuts de l’agriculture tout en produisant de l’énergie, le concept est intéressant, mais attention, « la méthanisation ne doit pas devenir [uniquement] un complément de revenu, appelle de ses vœux Charlotte Kerglonou, porte-parole du syndicat en Ille-et-Vilaine. Sinon, le lait deviendra un sous-produit. » (...)
Une complexité qui mériterait d’être éclaircie, pour la Confédération paysanne. Dans une pétition adressée à la préfète de région le 18 septembre, le syndicat demande « un moratoire sur les installations de méthaniseurs, un audit sur le parc en service et une évaluation des conséquences de la méthanisation sur le territoire breton ».