
Au moins 130 autres personnes ont été interceptées et renvoyées de force en Libye. L’Union européenne fait preuve d’une inacceptable indifférence face à ces drames, qui sont pourtant la conséquence de ses politiques migratoires.
Plus de 100 personnes ont perdu la vie au cours de la seule semaine dernière lors de deux incidents distincts en Méditerranée centrale, en raison des politiques de l’UE et de ses États membres à l’égard des réfugiés et des migrants.
Au cours de cette même semaine, au moins 130 personnes ont été interceptées et renvoyées de force en Libye, où elles risquent d’être confrontées aux mauvais traitements, abus et tortures, qui ont été largement documentés, dans les centres de détention libyens.
Pour Médecins Sans Frontières (MSF) la négligence de l’Italie et de Malte dans l’assistance aux bateaux en détresse, et l’indifférence de l’UE et de ses Etats membres face au nombre croissant de morts et à la violation continue des droits de l’homme en mer Méditerranée sont inacceptables. Alors même que ces mêmes dirigeants et institutions européennes expriment leur plus profonde solidarité avec les réfugiés fuyant l’Ukraine, on ne peut que s’étonner du traitement réservé par l’Union européenne à ces personnes fuyant des situations de violence dans leur pays d’origine et/ou tout au long de leur parcours migratoire. (...)
« La majorité des survivants sont psychologiquement traumatisés en raison du temps passé en mer, de l’état du bateau et des conditions dramatiques du sauvetage. Un tiers des survivants sont des mineurs non accompagnés, dont plusieurs ont moins de 15 ans » explique Caroline Willemen, coordinatrice de projet MSF à bord du Geo Barents. Le Geo Barents attend actuellement l’attribution d’un port sûr pour débarquer les rescapés. (...)
« Ces personnes ont fui l’enfer de la Libye et ont ensuite assisté à la mort de dizaines de leurs compagnons en dérivant pendant plusieurs jours en mer. Après cette épreuve inimaginable, ils ont été renvoyés en Libye, entrant à nouveau dans le cercle vicieux de la violence auquel ils tentaient d’échapper » déplore Caroline Willemen. « Nous demandons instamment à Frontex et aux autres avions et navires européens présents dans la zone de fournir des informations sur les circonstances de ces événements tragiques. Le retrait de l’UE et de ses États membres des opérations de recherche et de sauvetage en mer Méditerranée et leur soutien aux garde-côtes libyens sont à l’origine des décès et des violations des droits de l’homme qui se produisent en Méditerranée centrale. Quand l’Europe assumera-t-elle ses responsabilités en protégeant des vies plutôt que des frontières ? »