
Le rapport sur l’habitat marseillais que « Libération » s’est procuré et qui doit être remis à l’exécutif dans quelques semaines dénonce une « crise humanitaire ».
Chaque année, le rapport du Haut Comité au logement pour les personnes défavorisées (HCLPD) donne un coup de projecteur sur les conditions d’habitat des personnes et familles pauvres. Il alerte à chaque fois les pouvoirs publics sur une thématique particulière. Le HCLPD s’est par exemple déjà penché sur les défaillances de l’hébergement d’urgence ou le droit au logement opposable (Dalo), dispositif qui vise à rendre prioritaire des foyers très mal logés ou pas logés dans l’accès à un HLM. (...)
Cette année, le Haut Comité a axé son document, que Libération s’est procuré, sur la question du logement indigne dans la deuxième ville de France. Son titre, « Marseille : de la crise du logement à une crise humanitaire », et sous-titre, « chronique d’une incurie publique », donnent le ton sur la gravité de la situation. Il sera remis dans quelques semaines à Emmanuel Macron et Edouard Philippe.
« Les effondrements rue d’Aubagne ne relèvent pas de faits divers accidentels, et imprévisibles. [Ils] résulte[nt] d’une continuité de dysfonctionnements […] des acteurs publics », souligne le Haut Comité. Il pointe notamment « l’absence de traitement de l’habitat indigne jusqu’à la gestion chaotique de la crise ». Ainsi, le rapport précise qu’avant l’effondrement de la rue d’Aubagne, pas moins de 1 400 « signalements d’habitats […] indignes [étaient] restés sans réponse ». Mais en 2017, seuls « 57 arrêtés de péril ont été pris par la municipalité [et] aucun pour insalubrité ». Des chiffres invraisemblables à mettre en rapport avec les « 40 000 logements indignes, soit 13 % des résidences principales ».
Le rapport pointe clairement la responsabilité de la mairie dans la crise marseillaise, mais également celle de l’Etat, qui a laissé faire. (...)
Même les crédits de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) n’étaient pas mobilisés. La commune peut pourtant y recourir pour réaliser des travaux de réhabilitation en cas de défaillance des propriétaires.
Pour le Haut Comité, la crise trouve notamment ses origines dans « le manque de volonté politique » des élus de construire du logement social. (...)
Pour clore le tout, les logements sociaux ne sont pas toujours attribués aux publics prioritaires, qui en ont le plus besoin, notamment ceux qui relèvent du Dalo. (...)
Plan d’urgence
Pour le Haut Comité, l’action publique est à revoir de A à Z à Marseille. Son rapport comporte pas moins de 18 recommandations pour mettre fin au scandale du logement indigne. (...)