
L’onde de choc qui traverse le monde arabe touche également le Maroc. Pour parer à tout mouvement contestataire qui risque de déstabiliser les institutions, les pouvoirs publics ont pris les devants et sont montés sur scène.
Le Maroc compte 37 partis politiques, la plupart créée par le Makhzen. Aucun ne peut prétendre bénéficier d’une quelconque popularité. Les partis balkanisés servent de façade démocratique. Pour la première fois de leur histoire, ils se sont présentés aux dernières élections de 2007 avec un semblant de programme copié collé que les pouvoirs publics leur ont concoctés. Ce manque de confiance dans la politique justifie le taux officiel de participation aux élections de 37 % mais qui ne trompe personne, malgré l’achat des voix, et à vil prix, une autre spécialité marocaine. (...)
Force est de constater aujourd’hui l’inertie et l’absentéisme parlementaires ainsi que l’inutilité de la Chambre des Conseillers. Comment expliquer que le vote de la loi de finances qui est un moment fort dans l’hémicycle parlementaire intéresse moins de la moitié de nos députés, sinon par le vide politique ? (...)
Dans la foulée des slogans ’’le peuple exige la chute du régime’’, la monarchie est interpellée pour faire son évolution. (...)
Si en Tunisie et en Egypte, Ben Ali et Moubarak, 23 et 30 ans de présidence, 72 et 82 ans, sont arrivés au pouvoir grâce aux mains invisibles qui les ont portés puis lâchés lorsqu’elles ne pouvaient plus les soutenir, le roi Mohammed VI, à peine 11 ans de règne, 49 ans tire sa légitimité de 12 siècles de tradition monarchique. Le plus est que, malgré la similitude des problèmes régionaux arabes, l’expérience démocratique marocaine est particulière : l’habilité du Makhzen à doser entre les carottes et le bâton, l’habilité à mener une politique de consensus, qui a ses inconvénients en terme d’efficacité, mais qui a l’avantage de procurer la paix social et la stabilité politique nécessaires au développement économique en forme quelques unes de ces particularités.
C’est pourquoi, face aux appels à manifester d’un groupe de jeunes ouvrant vitrine sur Facebook, les pouvoirs affirment ’se comporter avec sérénité’’ par rapport à cette action ’’légitime’’. (...)
La mondialisation a imposé des normes de gouvernance accompagnées de l’idéologie libérale, elle même basée sur la compétition et la performance. Or, les partis politiques qui étaient à leurs zéniths porteurs de projets de société ont à leurs tètes des dinosaures usés et incapables de comprendre l’évolution sociétale et le monde numérique, celui de la jeunesse Facebook. Ils ne sont pas plus capables de comprendre et de traduire en actions la crise identitaire née de la perte des repères et la refonte de l’échelle des valeurs. Bien que notre géographie nous impose une relation privilégiée avec l’Europe, nous sommes et restons, arabes ou berbères attachés à notre civilisation et par conséquent à nos voisins du Maghreb et du Machrek avec lesquels nous formons, malgré les vicissitudes de l’histoire, une seule et même communauté. (...) Au Maroc, c’est une révolution silencieuse que le pays est en train de couver pour assurer sa stabilité sociale et politique.
Mais sa politique arabe est à l’image de sa politique européenne, business first, le reste suivra et dans le consensus..(...)