Au moins six personnes, toutes afghanes, sont décédées samedi, au large de Sangatte, lors du naufrage d’une embarcation de fortune sur laquelle des migrants tentaient de rallier le Royaume-Uni depuis la France. Au total, 59 personnes ont été secourues. Une enquête a été ouverte et confiée au parquet de Paris.
Au moins six personnes, toutes afghanes, sont décédées samedi, au large de Sangatte, lors du naufrage d’une embarcation de fortune sur laquelle des migrants tentaient de rallier le Royaume-Uni depuis la France. Au total, 59 personnes ont été secourues. Une enquête a été ouverte et confiée au parquet de Paris. (...)
Selon plusieurs témoignages de rescapés recueillis par l’Ascia, l’association d’aide à l’insertion des Afghans dans la région, le naufrage s’est produit alors que des passagers tentaient de remettre du carburant en pleine mer pour relancer le moteur à l’arrêt. Un mouvement de panique aurait alors fait basculer l’embarcation, jetant à l’eau les migrants dont beaucoup n’avaient pas de gilets de sauvetage. Le bateau a été retrouvé crevé selon les sauveteurs.
Rassemblement à Calais
Une enquête a été ouverte pour homicides et blessures involontaires, aide au séjour irrégulier et association de malfaiteurs. D’abord menée par le parquet de Boulogne-sur-Mer, il s’est dessaisi du dossier lundi au profit de celui de Paris. La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a ainsi saisi la police aux frontières, la section de recherche de la gendarmerie maritime avec les services techniques spécialisés afférents, ainsi que l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM).
Le secrétaire d’État chargé de la mer, Hervé Berville, s’est rendu à Calais dès l’annonce du naufrage. Il a pointé "la responsabilité des trafiquants criminels qui envoient jeunes, femmes, adultes à la mort". Il a également renouvelé son engagement à poursuivre et à intensifier la "lutte implacable" des autorités face à ces réseaux. "Mes pensées vont aux victimes", a écrit la première ministre, Elisabeth Borne, sur le réseau social X (ex-Twitter), saluant "l’engagement des équipes de secours mobilisées autour de la marine nationale". Un message similaire a été adressé par son homologue britannique, Suella Braverman : "Mes pensées et prières vont à ceux affectés par cette tragique perte".
"Il s’agit évidemment d’une horrible tragédie", a déclaré le porte-parole de Rishi Sunak à la presse. "C’est un rappel brutal de la dangerosité de ces passages et de l’importance vitale de démanteler ces bandes criminelles", a-t-il ajouté, estimant qu’il était "juste pour le gouvernement d’agir d’urgence" pour mettre fin à ces arrivées.
Et comme après chaque naufrage meurtrier au large des côtes du nord de la France, un rassemblement a eu lieu en hommage aux victimes. Dimanche soir, environ 200 personnes, dont des migrants, se sont rassemblées à Calais autour d’une grande banderole recensant les morts à la frontière franco-britannique. Ils ont ensuite marché vers le port. (...)
Dans un communiqué publié le 21 juillet, le ministère de l’Intérieur a ensuite annoncé l’arrivée de 133 policiers et gendarmes sur le littoral du Pas-de-Calais pour "renforcer les capacités sécuritaires du territoire" pendant la période estivale. Mais "plus on met d’effectifs, plus ça part. C’est quand même fou", a récemment confié une source policière à InfoMigrants. "Ce n’est pas parce que nous sommes là qu’ils arrêtent de partir", a-t-elle ajouté.
Côté britannique, le naufrage de samedi vient conclure la "small boats week". Décrétée par le gouvernement anglais, cette semaine devait être l’occasion pour les autorités de vanter leurs efforts en termes de lutte contre l’immigration illégale mais, entre ce drame et l’évacuation de la barge pour demandeurs d’asile à cause de la présence de bactéries dans le système d’eau, elle a rapidement tourné au fiasco.